Vos lieux de culte Église 29

La parole du SEIGNEUR fut adressée à Elie 

 « Lève-toi, va à Sarepta qui appartient à Sidon, tu y habiteras ;

j'ai ordonné là-bas à une femme, à une veuve, de te ravitailler. »

Il se leva, partit pour Sarepta et parvint à l'entrée de la ville.

Il y avait là une femme, une veuve, qui ramassait du bois.

Il l'appela et dit :

« Va me chercher, je t'en prie, un peu d'eau dans la cruche pour que je boive ! »

Elle alla en chercher.

Il l'appela et dit :

« Va me chercher, je t'en prie, un morceau de pain dans ta main ! »

Elle répondit :

« Par la vie du SEIGNEUR, ton Dieu ! Je n'ai rien de prêt,

j'ai tout juste une poignée de farine dans la cruche et un petit peu d'huile dans la jarre ;

quand j'aurai ramassé quelques morceaux de bois,

je rentrerai et je préparerai ces aliments pour moi et pour mon fils ;

nous les mangerons et puis nous mourrons. »

Elie lui dit :

« Ne crains pas ! Rentre et fais ce que tu as dit ; seulement, avec ce que tu as,

fais-moi d'abord une petite galette et tu me l'apporteras ; tu en feras ensuite pour toi et pour ton fils.

Car ainsi parle le SEIGNEUR, le Dieu d'Israël :

Cruche de farine ne se videra, jarre d'huile ne désemplira

jusqu'au jour où le SEIGNEUR donnera la pluie à la surface du sol. »

Elle s'en alla et fit comme Elie avait dit ; elle mangea, elle, lui et sa famille pendant des jours.

La cruche de farine ne tarit pas, et la jarre d'huile ne désemplit pas,

selon la parole que le SEIGNEUR avait dite par l'intermédiaire d'Elie.

1 Rois 17, 8-16

 

« J’ai tout juste une poignée de farine dans la cruche

et un petit peu d’huile dans la jarre. »

 

Frères et sœurs,

la détresse de cette veuve de Sarepta nous est proche.

Notre communauté va faiblissant.

Les rangs se clairsèment.

Les forces déclinent.

L’âge est souvent là avec les soucis qui l’accompagnent.

Il n’y a plus la même énergie que par le passé.

 

Que pouvons-nous offrir aux autres ?

C’est déjà bien si nous arrivons

à prendre soin de nous-mêmes jusqu’au bout.

Dépenser nos réserves et disparaître :

que reste-t-il d’autre ?

 

« J’ai tout juste une poignée de farine dans la cruche

et un petit peu d’huile dans la jarre ;

quand j’aurai ramassé quelques morceaux de bois,

je rentrerai et je préparerai ces aliments pour moi et mon fils ;

nous les mangerons et puis nous mourrons. »

 

Ce qu’Élie apporte dans cette situation,

ce n’est pas un bouleversement :

des provisions à foison ;

ces kilos de farine, ces litres d’huile

que tout bon Suisse a dans son garde-manger

en prévision des temps difficiles.

 

Non, l’intervention d’Élie se résume

à un simple appel à la confiance.

Oublier la prévoyance.

Oublier les calculs.

Oublier la lucidité.

Et faire le pari de la générosité.

« Tu es plus riche que tu le crois.

Essaie.

Tu verras. »

« Fais ce que tu as dit ;

seulement, avec ce que tu as,

fais-moi d’abord une petite galette

et tu me l’apporteras. »

 

« avec ce que tu as… »

 

Élie ne demande pas à la veuve

de jouer à la riche.

De se faire autre qu’elle ne l’est.

 

Pas de comédie.

Juste une rencontre à nu.

 

Il vaut d’ailleurs la peine de s’arrêter sur cette rencontre.

Si Élie avait faim,

n’aurait-il pas été plus simple

qu’il change des pierres en pain,

comme le diable le proposera à Jésus ?

Et si la veuve était dans la détresse,

n’aurait-il pas été plus simple

qu’Élie transforme directement sa cruche en cruche magique

où la farine ne manquera jamais,

sans commencer par lui demander à manger ?

 

Oui, pourquoi cet échange,

pourquoi cette rencontre,

pourquoi ce repas rudimentaire,

plutôt que de s’attaquer directement au problème ?

Il vaut la peine de se poser la question.

Déjà tout simplement pour s’apercevoir

que nous avons mis au centre de la vie

les problèmes et leur résolution.

D’abord enlever tout ce qui embête.

Et ensuite on pourra profiter de l’existence,

de la rencontre.

Bien sûr, ce n’est pas simple,

car, des choses qui embêtent, il y en a.

Et pas qu’un peu !

 

Je ne sais pas si Élie était très à l’aise

de demander l’hospitalité

à cette femme qui n’avait pour ainsi dire rien.

On est souvent gêné de demander de l’aide.

Qui plus est à quelqu’un que l’on ne connaît pas.

Qui plus est à quelqu’un dont la misère et la détresse

crèvent les yeux.

 

Élie a aussi un pas à faire.

Et il n’est pas évident.

Non seulement reconnaître qu’il a besoin de quelqu’un.

Mais reconnaître qu’il a besoin de quelqu’un d’aussi faible,

tellement plus faible que lui.

Reconnaître que cette personne si faible

a quelque chose à lui donner.

Quelque chose que lui ne peut pas se procurer

par ses propres moyens.

 

Dans notre société, souvent, nous ne voyons que le produit.

Une pomme vaut une pomme.

Une pomme de Nouvelle Zélande

vaut une pomme de mon voisin

que j’ai vu mûrir sur l’arbre,

et qui a partagé le même soleil et les mêmes pluies que moi.

Qui a senti les mêmes odeurs.

Entendu les mêmes bruits.

 

Qui sait,

peut-être Élie aurait-il pu faire apparaître des galettes

par dizaines, par centaines, par milliers.

Mais cette galette si pauvre sortie des mains de la veuve,

il n’aurait jamais pu se la procurer par ses propres moyens.

Non pas juste un produit.

Mais une histoire.

Une vie.

 

La veuve a été appelée au geste de la confiance,

de la générosité,

malgré sa pauvreté.

 

Élie, lui, a dû faire le pas de la réceptivité,

de l’écoute,

de l’accueil,

malgré la pauvreté de celle qu’il sollicitait.

 

Une rencontre où chacun sort de l’idée

qu’il se fait de lui-même et de l’autre

pour être ainsi simplement ensemble.

 

Avec encore la bénédiction de Dieu

qui agit pour que cette rencontre

puisse avoir lieu encore et encore.

Toujours au même niveau.

Juste un peu de farine et d’huile.

Rien de plus.

 

On se rappelle les cinq pains et les deux poissons

qui ont nourri cinq mille hommes.

Mais peut-être accorde-t-on trop d’importance

aux douze paniers de restes,

et oublie-t-on un peu vite le désarroi des Douze

avec leurs provisions si maigres

devant tant de bouches à nourrir.

 

 

Depuis plusieurs années,

notre paroisse souhaite nouer

une relation concrète

avec une communauté d’Afrique.

 

Des premiers contacts ont eu lieu

avec la paroisse de Tanzoun au Bénin

qui s’occupe également d’une école.

Dans le courrier où ils se présentent,

nous avons découvert une communauté vivante,

avec beaucoup de groupes différents.

Avec aussi cette école nombreuse.

 

Bien loin de ce que, nous, nous vivons en paroisse.

Avec donc cette question :

« Mais qu’est-ce que nous pouvons leur apporter ? »

Une question qui se fait encore plus insistante

devant le cadre formel

que nous propose le Département missionnaire,

avec un modèle de relation

qui nous semble quelque peu au-dessus de nos moyens.

 

La rencontre entre Élie et la veuve de Sarepta

est comme une invitation à passer outre ces réserves.

Faire le pas de la générosité

pour découvrir dans les yeux de ceux que nous rencontrons

que notre pauvreté n’est pas exempte d’une richesse

que nous ne soupçonnons pas,

et dont ils ont peut-être justement besoin,

sans forcément oser se l’avouer.

 

Dans la relation à l’Outre-mer,

on parle beaucoup d’aide au développement.

Toujours la résolution de problèmes.

Avec nos bonnes idées, nos conseils, nos moyens, nos forces.

 

Commencer par la rencontre,

voilà ce à quoi nous invite la Bible.

Pour découvrir que nos pauvretés et nos richesses

ne sont pas forcément là où nous pensons qu’elles sont.

 

Pour découvrir aussi que le Christ est toujours présent

là où deux ou trois sont réunis en Son nom.

Et qu’Il nous offre Sa bénédiction.

Une bénédiction qui nous pousse vers des chemins inédits.

Des chemins que nous n’aurions jamais imaginés.

 

N’ayons pas peur de faire le pas

de la confiance et de la générosité,

de la réceptivité et de l’écoute.

N’ayons pas peur de faire le pas de la rencontre.

 

Amen