Première lecture : livre des Actes, chapitre 10, versets 38-43
Pierre prit alors la parole : « Vous savez comment Dieu a choisi Jésus de Nazareth pour son
service et lui a accordé la puissance de l’Esprit Saint. Vous savez aussi comment Jésus a
parcouru le pays en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient sous le pouvoir
du diable, car Dieu était avec lui. Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans
le pays des Juifs et à Jérusalem. On l’a fait mourir en le pendant au bois de la croix. Mais
Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné d’apparaître, non à tout le peuple, mais à
nous que Dieu a choisis d’avance comme témoins. Nous avons mangé et bu avec lui après
que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. Il nous a commandé d’annoncer la bonne
nouvelle au peuple et d’attester qu’il est celui que Dieu a établi pour juger les vivants et
les morts. Tous les prophètes ont témoigné à son propos, en disant que toute personne
qui croit en lui reçoit le pardon de ses péchés par le pouvoir de son nom. » (Amen)
Deuxième lecture : l’Évangile selon Jean, chapitre 20, versets 1-18
Tôt le dimanche matin, alors qu’il faisait encore nuit, Marie de Magdala se rend au
tombeau. Elle voit que la pierre a été retirée de l’entrée du tombeau. Elle court trouver
Simon Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le
Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. » Pierre et l’autre disciple
partirent et se rendirent au tombeau. Ils couraient tous les deux, mais l’autre disciple
courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. Il se baissa pour regarder et vit
les bandes de lin qui étaient posées là, mais il n’entra pas. Simon Pierre, qui le suivait,
arrive à son tour et entre dans le tombeau. Il voit les bandes de lin posées à terre ainsi que
le linge qui avait recouvert la tête de Jésus ; ce linge n’était pas avec les bandes de lin,
mais il était enroulé à part, à une autre place. À cet instant, l’autre disciple, celui qui était
arrivé le premier au tombeau, entra lui aussi. Il vit et il crut. En effet, les disciples n’avaient
pas encore compris l’Écriture selon laquelle Jésus devait ressusciter d’entre les morts. Puis
les deux disciples s’en retournèrent chez eux.
Cependant, Marie se tenait près du tombeau, dehors, et elle pleurait. Tout en
pleurant, elle se baissa pour regarder dans le tombeau. Elle voit deux anges vêtus de blanc
assis à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus, l’un à la place de la tête et l’autre à la
place des pieds. Les anges lui demandèrent : « Pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répondit :
« On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a mis. » Ayant dit cela, elle se
retourne et voit Jésus qui se tenait là, mais sans se rendre compte que c’était lui. Jésus lui
demanda : « Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Pensant que c’était le jardinier, elle
lui dit : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et j’irai le reprendre. » Jésus lui
dit : « Marie ! » Elle se retourne vers lui et lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », ce qui signifie
« maître ! » Jésus reprit : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père.
Mais va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père qui est aussi votre Père, vers
mon Dieu qui est aussi votre Dieu. » Marie de Magdala se rend donc auprès des disciples
et leur annonce : « J’ai vu le Seigneur ! » Et elle leur raconte ce qu’il lui a dit. (Amen)
Imaginez le récit de la Passion du Christ raconté par 4 Babibouchettes, les marionnettes-chaussettes. C’est ce qu’ont fait deux jeunes pasteurs tchèques, très présents dans les médias ces dernières années, sous le nom de « Pastoral Brothers ». Avec humour et d’autodérision, ils ont tourné plein de vidéos et d’émissions pour rendre la Bible et la foi plus proches des gens d’aujourd’hui, surtout les jeunes. Pourquoi 4 marionnettes ? Pour représenter les 4 évangélistes : Matthieu, Marc, Luc et Jean. D’abord, les 4 chaussettes se disputent pour savoir qui va raconter l’histoire. C’est Matthieu qui gagne. Mais le pauvre a beaucoup de peine à terminer son récit, car toutes les 10 secondes, l’un des 3 autres lui coupe la parole : « Mais non, ça ne s’est pas passé comme ça…Ou bien : Tu as oublié ? Sur la croix, Jésus a encore parlé à sa mère et son disciple bien-aimé… Je ne me souviens pas d’un tremblement de terre… La garde devant la tombe, tu viens de l’inventer…Eh oui, nous avons 4 Évangiles, 4 Bonnes nouvelles différentes, qui nous racontent la vie, la mort et la résurrection de Jésus. Même si nous y sommes habitués, c’est quand même assez singulier… Et cette semaine, pour la première fois, j’ai lu en parallèle les 4 versions de la résurrection de Jésus, en notant les différences. Une chose est sûre : si le matin de Pâques était raconté par les 4 Babibouchettes, il y aurait là aussi pas mal de disputes. Selon quel Évangile on prend, Marie de Magdala se rend au tombeau seule, ou accompagnée d’une, de deux, ou de plusieurs amies. Dans le tombeau vide, les femmes voient 1 ou 2 anges qui leur annoncent que Jésus est ressuscité. Selon les versions, soit les hommes ne se rendent pas au tombeau, ou bien seulement Pierre, ou bien Pierre et le disciple bien-aimé. Finalement, dans 2 Évangiles, Jésus lui-même apparaît aux femmes, et dans les 2 autres pas…Un bon exercice, ce serait de raconter l’histoire de Pâques par cœur à quelqu’un qui ne la connaît pas. Bien sûr, on serait obligé de choisir certains faits et pas d’autres. Mais ça nous aiderait à y voir plus clair, à réaliser ce qui est vraiment important, ce qui est essentiel. Et on se rend compte que l’essentiel tient en peu de mots : le matin de Pâques, les disciples trouvent le tombeau vide. Les anges leur annoncent que Jésus est vivant. Plus tard, Jésus lui-même vient à leur rencontre et leur demande d’annoncer la Bonne nouvelle aux autres. Ça me fait penser à ma première occasion de vraiment témoigner de ma foi. J’étais croyante depuis quelques années déjà, on vivait en Suisse, mais à ce moment-là, on était en vacances en Rép. Tchèque et je me promenait en ville avec Honza, mon ami d’enfance. Et tout à coup, il me demande : « Dis Dana, toi qui es maintenant, euh, on dit comment ? Chrétienne ? Je n’y connais rien…croyante ? D’accord, mais tu ne crois tout de même pas que Jésus s’est relevé d’entre les morts, n’est-ce pas ? » Prise au dépourvu, j’ai dû chercher mes mots. « Euh, tu sais, c’est un peu la base… On est chrétien parce qu’on y croit. Donc oui, bien sûr que j’y crois. »
Ça semble une évidence, mais parfois il est bon de se rappeler les évidences : pas de foi chrétienne sans la foi en la résurrection de Jésus-Christ. Le théologien Daniel Marguerat l’exprime bien quand il dit : « Nous sommes plus empressés de croire au pouvoir de la mort qu’au pouvoir de la vie. Pourtant, lorsqu’elle est malade de la résurrection, la foi chrétienne peut-elle être autre chose qu’un fatalisme de croque-mort ? Il ne lui reste qu’une morale gentillette pour amateurs du dimanche matin. » Et l’apôtre Paul écrit de même à l’église de Corinthe : « Si le Christ n’est pas ressuscité, nous n’avons rien à prêcher et vous n’avez rien à croire. » Mais sur quelles preuves se base la foi chrétienne ? Ça ne peut pas être seulement le tombeau vide. Objectivement, devant le tombeau vide, il y a plusieurs explications possibles : 1ère : quelqu’un a enlevé le corps. C’est l’explication la plus vraisemblable. C’est ce que croit Marie de Magdala quand elle trouve le tombeau vide. C’est aussi la rumeur que font circuler les autorités juives. 2ème hypothèse, déjà un peu tirée par les cheveux : le mort n’était pas vraiment mort. Il était seulement gravement blessé et quelqu’un est venu le sortir de là pour le sauver. Ainsi, il existe des théories plus ou moins loufoques selon lesquelles Jésus ne serait pas mort et aurait ensuite vécu en Inde p.ex. Et enfin, 3ème explication, la moins vraisemblable : le mort s’est relevé d’entre les morts, il est ressuscité. Et c’est à cette explication invraisemblable que nous sommes invités à croire… Le croyant modèle est le disciple bien-aimé dont l’Évangile nous dit : « Il vit et il crut » Mais même pour ce disciple modèle, le seul fait de voir le tombeau vide n’aurait pas suffi. Mais c’est sûrement à ce moment-là qu’il se souvient des paroles de Jésus : « Le Fils de l’homme va être livré au pouvoir des humains. Ils le mettront à mort, mais le troisième jour, il ressuscitera. » Ce sont les paroles de Jésus qui ont permis au disciple de croire à sa résurrection devant le tombeau vide.
Et ça m’amène à me poser cette question : qu’est-ce qu’il faut pour devenir chrétien ? En lisant le récit de Pâques et le passage des Actes que nous venons de lire, et aussi en réfléchissant à ma propre vie, je vois 3 éléments importants : 1ère chose essentielle pour devenir chrétien, ce sont les Écritures. C’est la Parole de Dieu telle qu’on la trouve dans la Bible. Quelque chose de solide sur quoi on peut s’appuyer. Et en même temps cette parole reste toujours vivante si on la lit avec un cœur et un esprit ouvert. L’apôtre Pierre insiste sur l’importance des Écritures quand il parle de Jésus aux personnes rassemblées dans la maison du centurion Corneille : « Tous les prophètes ont témoigné à son propos. » Mais connaître la Parole n’est pas encore suffisant pour devenir croyant. Ce qui m’amène au 2ème élément important : rencontrer un témoin crédible, une personne qui vit déjà avec Dieu et qui, par ses paroles et son exemple peut aider les autres à avancer sur le chemin de la foi. Dans le passage des Actes, ces témoins sont bien sûr Pierre et ses amis qui se rendent dans la maison de Corneille. Dans le récit du matin de Pâques, c’est Marie de Magdala que Jésus envoie pour témoigner auprès de ses amis. Pour beaucoup de chrétiens, ces témoins ont été leurs parents, leurs grands-parents, pasteurs, monitrices ou catéchètes. Et dans ma vie, ce témoin chrétien a été mon mari. À l’époque, je connaissais déjà assez bien les histoires bibliques, mais j’avais besoin de rencontrer un chrétien pour qu’il me parle de Dieu et de la foi…On a déjà vu 2 choses importantes : les Écritures et le témoignage d’une personne. Mais ce n’est toujours pas suffisant pour devenir chrétien. Il manque encore la 3ème chose, la plus importante : une rencontre personnelle avec le Christ ressuscité. L’apôtre Pierre insiste : « Nous avons mangé et bu avec Jésus après que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts ». Marie de Magdala rencontre son maître dans le jardin. De même, une foi vivante ne peut exister sans que chaque personne rencontre Dieu et l’accueille dans son cœur. Les parents le savent bien : on ne peut pas transmettre sa foi telle quelle à ses enfants. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de leur faire connaître la Bible et être des témoins crédibles de notre foi. Le reste se joue entre Dieu et chaque personne. Et Dieu nous laisse toujours la liberté de l’accueillir ou pas, libres d’accepter ou pas son amour. On a vu les 3 choses importantes pour devenir chrétien : les Écritures, le témoignage et la rencontre avec Dieu. Et ce n’est pas un ordre chronologique. Pour certains, ce qui viendra en premier, ce sera la rencontre avec un témoin. Pour d’autres, ce sera la rencontre avec Dieu qui viendra d’abord, ce qui peut être un choc. Et pour d’autres, ce sera la Parole qui viendra en premier sur le chemin de la foi. Chaque personne a un parcours unique et Dieu se manifeste aussi à chacun et chacune d’une manière différente, personnelle.
Nous avons vu les 3 choses importantes pour devenir chrétien. Et je trouve que ce sont également 3 choses essentielles pour vivre sa foi chrétienne, jour après jour. Commençons par la Parole. Même si on est déjà croyant depuis longtemps, c’est important de continuer à se nourrir de la Parole de Dieu. Car on n’arrête pas d’y découvrir des trésors cachés, avec l’aide du Saint-Esprit. Et si on connaît bien les Écritures, ça peut être une grande consolation dans les moments difficiles. Tout à coup, on se souvient des paroles de Jésus, d’un Psaume, ou d’un autre texte qui parle exactement de ce que nous sommes en train de vivre. Ensuite, nous sommes appelés à témoigner de notre foi devant les autres. En paroles, bien sûr, mais surtout en actes. Tout le monde n’est pas forcément à l’aise pour parler de sa foi. Par contre, nous pouvons tous témoigner de la foi, de l’espérance et de l’amour que nous avons reçus de Dieu par notre manière de vivre. Et le plus extraordinaire, c’est que Dieu nous fait confiance pour être ses témoins. Malgré nos faiblesses et notre manque de courage, il nous guide et nous aide à témoigner quand il le faut. Ce qui nous amène au 3ème aspect, le plus important je trouve. C’est de cultiver une relation personnelle et vivante avec Dieu, une relation basée sur l’amour et la confiance. Car la foi chrétienne, ce n’est pas avant tout de croire à une vie après la mort. C’est de croire que le Christ ressuscité nous fait vivre pleinement, déjà maintenant, comme les enfants de Dieu. Comme le dit l’apôtre Paul, nous sommes, nous aussi, morts et ressuscités avec le Christ. Nous sommes nés à une vie nouvelle. Aujourd’hui encore, Jésus ressuscité passe dans nos vies pour les transfigurer. Il vient nous sortir des tombeaux de nos échecs et nos malheurs. Il redonne l’espoir là où il n’y en avait plus. Il vient éclairer nos ténèbres. Il nous apprend à pardonner comme lui nous pardonne. Il nous apprend à aimer les autres comme lui nous aime, sans condition. Et il nous invite à témoigner de son amour, par toute notre vie. Pour aider nos prochains à connaître notre Père qui est aussi leur Père, pour les aider à connaître notre Dieu qui est aussi leur Dieu. Amen