Petits enfants, n'aimons pas en paroles et avec la langue,
mais en actions et avec vérité.
Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité,
et nous rassurerons nos coeurs devant lui;
car si notre coeur nous condamne,
Dieu est plus grand que notre coeur, et il connaît toutes choses.
Bien-aimés, si notre coeur ne nous condamne pas,
nous avons de l'assurance devant Dieu.
Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui,
parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable.
Et c'est ici son commandement: que nous croyions au nom de son Fils Jésus Christ,
et que nous nous aimions les uns les autres, selon le commandement qu'il nous a donné.
24Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui;
et nous connaissons qu'il demeure en nous par l'Esprit qu'il nous a donné.
1 Jean 3, 18-24
« Si notre cœur nous condamne… »
Frères et sœurs,
nous croyons souvent
que ce sont les autres qui nous jugent.
Alors qu’en réalité, le procureur le plus impitoyable,
il est là en nous, dans notre cœur.
Bien sûr,
les autres gens pensent
toutes sortes de choses à notre propos :
que nous devrions être plus ceci
et moins cela.
Mais que nous y accordions de l’importance,
ça, c’est notre décision.
Nous pourrions tout à fait dire :
« Et alors ? Je suis comme je suis.
Et si cela ne vous plaît pas,
c’est votre problème. »
Mais non !
Notre cœur se saisit
de toutes les raisons
de se mettre la pression,
de ne pas être content de lui.
On en arrive même à des situations absurdes
où l’on s’accuse très sévèrement
de ne pas être assez indulgent avec soi-même !
Oui, notre cœur nous condamne
plus souvent qu’à son tour.
Nous ne sommes jamais
ce qu’il faudrait être.
« Je n’aurais pas dû m’emporter. »
« Je n’aurais pas dû me laisser marcher dessus. »
« Je devrais faire plus d’exercice. »
« Je devrais prendre plus de temps pour ma famille. »
« Je devrais faire de l’ordre dans mes papiers. »
« Je devrais être plus aimable. »
« Plus à l’écoute. »
« Plus énergique. »
« Plus détendu. »
Il y a tout ce que l’on nous a dit
quand nous étions enfants.
Tout ce que l’on nous a répété
au catéchisme et à l’Église.
Et il y a aussi tout ce que l’on trouve
dans les magazines :
ces recettes pour être heureux
qui nous rendent encore plus angoissés
de ne pas arriver à les suivre.
Notre cœur est un juge implacable :
« Tu devrais. Tu dois.
Et si tu n’y arrives pas,
tu es un incapable.
Tu n’es pas à la hauteur.
Tu n’es pas à ta place ici sur terre. »
Tout le problème,
c’est que nous n’avons pas l’impression
que c’est notre cœur qui dit ça.
Nous en sommes sûrs :
ce sont les autres qui nous regardent ainsi.
Et pour les croyants, c’est une évidence :
c’est Dieu qui nous pose toutes ces exigences,
et qui est forcément mécontent
de notre incapacité à les atteindre.
Nous en sommes sûrs :
la voix qui condamne,
la voix qui nous condamne,
elle vient forcément d’ailleurs.
Elle vient forcément d’en haut :
le policier qui fronce les sourcils
de notre enfance.
L’apôtre Jean nous dit quelque chose
de très important et de très fort :
la voix qui condamne,
ce n’est pas la voix de Dieu,
c’est la voix de notre cœur.
C’est quelque chose
qu’il vaut la peine de répéter :
la voix qui condamne,
ce n’est pas la voix de Dieu,
c’est la voix de notre cœur.
Dieu, lui, est plus grand que notre cœur.
Plus large.
Plus vaste.
Plus généreux.
Sa voix, ce n’est pas une voix qui pointe les défauts.
C’est une voix qui dégage l’horizon.
Qui ouvre les possibles.
C’est un basculement étonnant pour beaucoup :
la voix qu’il faut écouter,
ce n’est pas la voix qui cherche la petite bête,
qui pointe les défauts, les erreurs, les lacunes.
La voix qui nous dit de grailler
dans les problèmes.
La voix qu’il faut écouter,
c’est la voix qui nous montre plus beaux,
plus grands que nous nous voyons.
« Si notre cœur nous condamne,
Dieu est plus grand que notre cœur. »
On se croit parfois généreux envers soi-même
parce que l’on se trouve toutes sortes d’excuses
ou de circonstances atténuantes
pour les reproches que l’on se fait.
« Je ne suis pas aussi énergique que je le devrais,
mais c’est parce que mon père m’a écrasé,
ou parce que tel professeur me rabaissait à l’école. »
En réalité, on s’enferre.
On renforce les reproches que l’on se fait,
en les prenant au sérieux,
en cherchant à argumenter.
On en fait des partenaires dignes de discussion.
L’horizon de notre vie.
L’apôtre Jean, lui, nous invite
à ne pas prêter l’oreille
aux reproches que nous fait notre cœur.
Non pas contester.
Tout simplement ne pas prendre au sérieux.
« Dieu est plus grand que notre cœur. »
Non pas l’idée de Dieu
qui dépasserait nos capacités.
Mais l’amour de Dieu pour nous.
La bienveillance de Dieu pour nous.
La générosité de Dieu pour nous.
Une énergie qui rayonne d’un cœur
et qui porte,
qui soulève,
qui entraîne.
Ce n’est bien sûr pas facile de regarder à cet amour
tellement plus grand que notre cœur.
Les médias ne cessent de nous dépeindre
un monde qui est une somme de problèmes à résoudre.
Et notre vie nous est présentée
comme une série de choix tous fondamentaux
qui nous laissent souvent avec des sentiments partagés,
quand ce n’est pas d’échec.
« J’aurais dû faire ça », « J’aurais dû acheter ça. »
L’insatisfaction est un moteur fantastique pour l’économie.
Faire mieux que la dernière fois.
Mais cela ne rend que rarement heureux.
« Dieu est plus grand que notre cœur. »
Une de nos grandes difficultés,
c’est que nous voyons Dieu
comme une instance extérieure.
Le surveillant.
Le policier.
Le coach.
Le manager.
Celui qui nous dit ce que nous devons faire.
Celui qui nous dit ce que nous n’avons pas fait juste.
Nous oublions que Dieu nous a créés à son image,
et que donc, ce Dieu plus grand que notre cœur,
c’est une dimension de notre personne.
Eh oui,
si notre cœur nous condamne,
nous sommes plus grands que notre cœur.
L’Esprit de Dieu est en nous,
cet Esprit plus vaste que l’univers
avec ses milliards de galaxies.
Ne l’oublions surtout pas :
en Jésus le Christ, Dieu s’est lié à nous.
Nous ne sommes pas des étrangers.
Sa vie, c’est notre vie.
« Dieu est plus grand que notre cœur. »
Sa Parole en nous qui ouvre des espaces
là où nos peurs, nos regrets, nos mesquineries
nous rabougrissent.
Son Esprit en nous qui fait souffler l’air du large
là où cela sent si facilement le renfermé.
La générosité de Dieu,
la liberté de Dieu,
ce n’est pas quelque chose
à des années-lumière de notre quotidien,
de tout ce qui occupe nos esprits
et nos cœurs.
La liberté de Dieu,
la générosité de Dieu,
la grandeur de Dieu,
nous y avons part.
Elles sont là en nous.
Il faut juste savoir se laisser porter.
Ne pas se laisser happer
par ce négatif qui nous entoure
et qui déteint si facilement sur nous.
Savoir relativiser toutes ces exigences
que le monde de la communication,
du management, de la publicité et des médias
nous dictent.
Et se tourner vers ce Dieu
si grand et en même temps si proche
qui a voulu être comme une part de nous-mêmes
et qui est tellement plus vaste
que ce que nos esprits humains inventent,
que ce que nos cœurs humains remuglent.
Oui, l’appel du grand large !
Amen