Vos lieux de culte

En effet, l'amour du Christ nous domine,

nous qui avons la certitude qu'un seul est mort pour tous

et, donc, que tous ont part à sa mort.

Il est mort pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes,

mais pour celui qui est mort et revenu à la vie pour eux.

Voilà pourquoi nous ne considérons plus personne d'une manière purement humaine.

Même si, autrefois, nous avons considéré le Christ d'une manière humaine,

maintenant nous ne le considérons plus ainsi.

Dès que quelqu'un est uni au Christ, il est un être nouveau :

ce qui est ancien a disparu, ce qui est nouveau est là.

2 Corinthiens 5, 14-17

 

Frères et sœurs,

 

l’apôtre écrit : « L’amour du Christ nous domine. »

D’autres traductions mettent :

« nous presse », « nous étreint »,

ou encore « remplit notre cœur ».

 

Mais qu’est-ce que cela veut dire ?

 

Pour le comprendre,

il ne faut pas en rester aux mots.

La Bible ne présente pas un système philosophique

parfaitement pensé.

Elle s’efforce plutôt de refléter une expérience.

 

Paul parle ici du Christ.

Non pas une idée.

Ni même simplement une figure historique

ou une célébrité.

Non pas un homme d’exception

qu’il faudrait prendre pour modèle.

Mais quelqu’un de proche.

Quelqu’un de vivant.

 

Quelqu’un qui nous aime.

Quelqu’un qui m’aime, moi.

Quelqu’un qui me connaît, moi.

Quelqu’un qui s’intéresse à moi.

Quelqu’un qui s’engage pour moi.

 

Car c’est cela, son amour :

non pas un sentiment qu’il nourrirait pour moi

dans le secret de son cœur,

mais un engagement de toute sa personne,

pour moi,

Pour chacune,

pour chacun,

comme s’il était seul au monde.

 

Et cette réalité du Christ

qui se donne,

qui s’engage pour nous,

pour moi personnellement,

elle change tout dans ma vie.

 

« Tu as du prix à mes yeux,

un prix infiniment grand,

puisque je suis prêt à tout donner pour toi.

Oui, tu es précieux pour moi. »

 

À lire les médias,

nous savons surtout

le coût que nous représentons pour le monde,

pour la planète.

 

L’amour du Christ,

c’est un autre regard :

la valeur que nous avons pour quelqu’un.

Et ce quelqu’un,

ce n’est pas n’importe qui.

C’est le Fils de Dieu.

C’est cette Parole par laquelle

tout ce qui est a été créé.

 

« L’amour du Christ nous domine…

nous presse…

nous étreint…

remplit notre cœur. »

 

Il y a ici quelque chose de réel,

de concret.

Il y a quelqu’un de réel,

de concret.

Et cela change tout.

 

Bien plus qu’un regard :

une présence,

une densité,

une proximité.

Qui rayonne.

Qui porte.

Comme quand quelqu’un

nous sert dans ses bras.

 

L’apôtre dit : « un seul est mort pour tous. »

 

À nouveau, il est bon d’aller au-delà des mots

pour retrouver ce dont il est réellement question.

La mort, ça peut être perdre sa vie,

et cela nous fait peur.

La mort du Christ, c’est autre chose :

c’est un geste.

Sa vie, personne ne lui l’a prise.

C’est lui qui l’a donnée.

Un acte de générosité.

Un acte d’amour,

et même du plus grand amour

qu’il puisse y avoir.

Puisqu’ « il n’y a pas de plus grand amour

que de donner sa vie pour ses amis. »

 

« Un seul est mort pour tous et, donc,

[…] tous ont part à sa mort. »

 

Il faut comprendre :

tous ont part à cette amour si puissant

qui est allé jusqu’au don de sa vie.

Un amour dont nous sentons toujours maintenant le souffle,

l’intensité.

Un amour qui nous remplit de vie.

 

Et cela change notre regard sur les autres.

L’apôtre le dit :

« Nous ne considérons plus personne

d'une manière purement humaine. »

 

Oui, derrière chaque personne que je croise,

il y a ce même amour qui me presse moi,

qui m’étreint moi,

qui me porte moi.

Ce même amour du Christ

qui s’adresse à chaque fois

à une personne bien précise,

dont il connaît tout,

et qui est infiniment précieuse à ses yeux,

au point qu’il donne sa vie pour elle,

et qu’il la donnerait pour elle seule.

 

« Nous ne considérons plus personne

d'une manière purement humaine. »

 

Bien sûr,

difficile de faire abstraction de nos sympathies,

et aussi de nos agacements.

Il y a des gens dont on se sent tout naturellement proches,

et d’autres qui nous insupportent

malgré tous nos efforts pour aller au-delà

d’une première impression défavorable.

 

C’est humain.

Il faut faire avec.

Ce qui ne veut pas dire

qu’il ne faille pas

essayer d’aller plus loin.

 

« Nous ne considérons plus personne

d'une manière purement humaine. »

 

Vous l’avez remarqué ?

Il n’y a pas de « Il faut… ! »

Il n’y a pas de « Nous devons… ! »

Il n’y a pas de « Vous devez… ! »

L’apôtre fait simplement un constat.

Quand on vit de cet amour du Christ pour nous,

quand c’est cela la réalité qui porte notre vie,

notre regard change.

On a d’autres priorités,

d’autres critères.

Une autre lumière éclaire

le monde autour de nous.

 

L’apôtre dit :

« Dès que quelqu'un est uni au Christ,

il est un être nouveau :

ce qui est ancien a disparu,

ce qui est nouveau est là. »

 

Nous avons l’habitude

d’être époustouflé par le nouveau.

Pour nous, le nouveau,

c’est ce que l’on aurait jamais imaginé.

 

C’est d’une autre expérience

que parle l’apôtre.

Le nouveau comme ce qu’il y a de plus naturel,

de plus évident.

On est enfin à sa place.

Et l’étonnant, c’est l’ancien :

« Mais comment est-ce

que j’ai pu vivre ainsi jusqu’à maintenant? »

« Comment est-ce que j’ai pu

regarder les autres ainsi,

avec ce dédain,

avec ces jugements ? »

 

La nouveauté qu’apporte le Christ

avec son amour qui nous presse,

qui nous étreint,

ce n’est pas un bouleversement ébouriffant,

une transmutation dépassant

tout ce que l’on pourrait imaginer.

 

C’est au contraire

une grande simplification.

La vie qui devient limpide

comme de l’eau de source.

Notre cœur qui se sent parfaitement à sa place,

qui retrouve le rôle pour lequel il a été créé.

 

Ce calme revenu après la tempête,

tellement serein,

tellement apaisant,

tellement évident,

que l’on a de la peine à croire

qu’il y ait pu y avoir un vent furieux,

avec des vagues de plusieurs mètres de haut.

 

Oui, la nouveauté

comme ce calme habitant le Christ

dormant sereinement dans la barque

au milieu de la tempête.

Ce calme qui s’étendra

tout naturellement aux éléments

quand il aura décidé

d’ouvrir la bouche.

 

« L’amour du Christ nous domine, nous étreint. »

Et grâce à cela,

« ce qui est ancien a disparu, ce qui est nouveau est là. »

 

Oui, le Royaume des cieux

n’a rien à voir avec un lointain avenir.

Il est ici en nous :

le Christ qui nous dit

que nous sommes infiniment précieux pour lui,

et qui nous entraîne à vivre, nous aussi,

dans ce geste de générosité.

Avec un cœur vaste.

Et aussi des yeux lumineux.

 

Amen