Vos lieux de culte Église 29

Première lecture : livre de Genèse, chapitre 1, versets 1-5

Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit : « Que la lumière soit ! » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. 

Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le premier jour. (Gloire à Toi, Seigneur !)

 

Deuxième lecture : l’Évangile selon Jean, chapitre 1, versets 1-4

Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. 

Elle était au commencement avec Dieu. 

Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. 

En elle était la vie, et la vie était la lumière des humains. (Louange à Toi, Seigneur !)

 

Troisième lecture : lettre aux Colossiens, chapitre 1, versets 15-20

Le Christ est l’image du Dieu qu’on ne peut voir. Il est le Fils premier-né au-dessus de toutes les choses créées. En effet, c’est en lui que Dieu a tout créé dans les cieux et sur la terre : les choses qu’on voit et celles qu’on ne voit pas, les forces et les esprits qui ont autorité et pouvoir. Tout est créé par lui et pour lui. Le Christ existe avant toute chose, et tout ce qui existe ne tient que par lui. 

C’est lui qui est la tête du corps, c’est-à-dire de l’Église. Il est le commencement, celui qui, le premier, s’est levé de la mort, pour être le premier de tous, toujours et partout. Oui, Dieu a voulu habiter totalement dans son Fils, et il a voulu tout réconcilier avec lui, par son Fils et pour son Fils. Par le sang que son Fils a versé sur la croix, Dieu a fait la paix sur la terre et dans les cieux. (Amen)

 

Quand je sors de chez moi pour me promener, à Vugelles-La Mothe, au pied du Jura, je contemple le beau paysage qui m’entoure, une vraie mosaïque de nature sauvage et du travail des humains : les villages, les champs et les pâturages, la forêt de montagne qui change de couleur au fil des saisons. Je longe l’Arnon, la rivière qui a donné le nom à notre paroisse, je traverse la passerelle. Souvent, je prends un moment pour regarder l’eau qui coule, cristalline la plupart du temps, trouble après de grosses pluies. Et je me dis que j’ai beaucoup de chance de vivre en Suisse, où l’environnement est encore bien préservé, contrairement à tant d’autres pays…Je lève les yeux vers les montagnes à l’horizon et tout à coup, j’ai envie de remercier le Créateur de toute cette beauté. Celui qui a créé ce monde avec une extravagance, une générosité, une prodigalité qui me dépassent. En contemplant sa Création, je me demande : pourquoi cette multitude, cette infinité de formes, de couleurs, de mouvements et de bruits ? Je pense à ces millions d’êtres vivants habitant notre planète, dont nous n’aurons jamais fini d’explorer tous les mystères, sans parler de l’immensité de l’Univers qui nous entoure… Pour décrire ce que je vois, je viens d’utiliser plusieurs mots différents : paysage, nature, l’environnement, création. Quand on y réfléchit, on se rend compte que le mot utilisé dit quelque chose du rapport que l’on a avec le monde qui nous environne, de notre positionnement par rapport à lui. Quand on parle du paysage, on est plutôt dans la position de l’observateur, à distance. Si je trouve le paysage beau, je vais peut-être prendre une photo ou faire une peinture. Quand on parle de l’environnement, on parle de ce qui nous environne, nous sommes à l’intérieur. Quant à la nature, c’est ce qui est sauvage et pas l’œuvre des humains, il y a la nature d’un côté et les humains de l’autre. Quand nous parlons du monde comme de la Création de Dieu, nous reconnaissons par là que nous en faisons partie, que nous les humains sommes des créatures qui cohabitent avec beaucoup d’autres. Mon collègue Sandro Restauri, pasteur qui s’engage dans la TES a eu un jour l’idée de célébrer des Cultes Couleurs Création, et nous avons préparé ce premier culte ensemble. Le but n’est pas tant de nous sensibiliser aux économies d’énergie, au tri des déchets, réfléchir à notre consommation et à différents gestes en faveur de la protection de la nature (d’autres le font mieux). Le but est plutôt de nous rendre attentifs aux liens qui nous unissent au Créateur et à tous les êtres vivants, à cette Création dont nous faisons partie.

Voyons maintenant le beau récit de la Genèse 1. Lisons-le non pas comme une description scientifique, ce qu’il ne veut pas être. Lisons-le comme un poème, un hymne qui s’émerveille devant la grandeur de Dieu et chante la création du monde. Lorsque Dieu au premier matin du monde se met à créer, la terre est informe et vide, c’est le « tohu-bohu », un était de chaos, sans ordre. C’est l’abîme et les ténèbres. Mais le souffle, l’Esprit de Dieu est là qui plane sur les eaux. C’est alors que Dieu prononce la Parole, DABAR en hébreu. Dieu commence à créer en parlant. Ces tous premiers versets de la Bible nous disent quelque chose de très important : Dieu parle. Et quand Il parle, quelque chose se passe. C’est le pouvoir de la parole. Une parole performative, à savoir une parole qui fait ce qu’elle dit : Comme quand je vous dis : « Entrez ! », et vous entrez. Dieu dit : « Que la lumière soit ! » et la lumière advient, existe. Et ce sera sa Parole qui, dans les jours qui suivent, fera advenir la vie. C’est la Parole, le DABAR de Dieu qui est à la source de toute vie. Et il n’y a rien de ce qui existe qui n’ait été au préalable appelé, parlé, exprimé par Dieu. On pourrait dire cela encore autrement : tout ce qui existe a reçu une vocation. N’ayons pas peur d’utiliser ce mot de vocation. Souvenons-nous que la Création est Création parce qu’elle reçoit un appel, elle est appelée par Dieu à l’existence. Et ce qui est beau, c’est qu’à son tour, la Création raconte son Créateur, elle témoigne de Lui, elle est son expression. Entre les deux, le Créateur et la Création, il y a une relation très proche, intime. On ne prend pas assez la mesure de cela. Dieu nous fait exister parce qu’il est le Vivant, et qu’Il veut la vie. Il nous adresse sa parole. Et cette parole créatrice laisse comme une empreinte, une trace indélébile dans tout ce qui existe, comme une marque de fabrique. L’entier du créé porte en soi une trace du divin. Dès lors mon lien à la Création est bien plus profond que je ne l’imagine. Non seulement parce que nous sommes les uns et les autres issus des mêmes atomes qui existent depuis la création de l’univers... Mais surtout parce que nous sommes tous voulus, appelés à l’existence, sortis de notre tohu-bohu primordial. 

Et tout cela devient plus concret pour nous grâce au prologue de l’Évangile de Jean qui nous dit que cette parole créatrice de Dieu, LOGOS en grec, cette parole qui était là dès le commencement, c’est le Christ. « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. (…) Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. (...) Et plus loin, on lit : La parole a été faite chaire et a habité parmi nous… » De même, la lettre aux Colossiens dit du Christ : « C’est en Lui que Dieu a tout créé dans les cieux et sur la terre (…) Tout est créé par Lui et pour Lui. (…) » On a souvent mis en avant le fait que l’être humain est le seul qui a été créé à l’image de Dieu, à sa ressemblance. Et c’est vrai. Dans la Genèse, Dieu créé l’être humain à son image et le fait régner sur le reste de la Création. Du point de vue chrétien, la place de l’humain est unique au sein de la Création, c’est indéniable. D’ailleurs en son Fils, Dieu lui-même devient l’un d’entre nous. Mais si on veut être cohérent, il est important de se rappeler aussi que tout ce que Dieu a créé l’a été en son Fils, par son Fils et pour son Fils. Jésus, la Parole créatrice de Dieu, exprime qui est le Père. Il nous révèle l’amour du Père pour nous et pour toute la création. Et tout ce qui existe porte en soi une trace de cette parole créatrice, une marque de l’amour de Dieu. Et quand on médite cela, on réalise que si l’on rend insignifiant cette marque posée par Dieu au sein de la Création, si on l’oublie, si on l’ignore, on risque de perdre quelque chose d’essentiel. On risque de retourner au chaos et au désordre, au tohu-bohu. On risque de s’éloigner de la lumière et de se diriger vers les ténèbres. 

Nous le savons bien, notre planète ne se porte pas très bien… Il y a de nombreux défis à relever pour que les générations futures puissent continuer à vivre dans ce monde plein de vie que nous aimons tant. Pour qu’elles puissent profiter elles aussi de toutes les beautés de la création, comme nous le pouvons aujourd’hui. Ce qui peut nous aider à changer notre façon d’être dans le monde, de l’habiter, de vivre en paix avec ce qui nous entoure, c’est de nous souvenir sans cesse de quoi nous sommes faits. Les humains, tous les êtres vivants, et tout ce qui existe : tous, nous sommes faits de cette parole de Dieu qui nous façonne et nous fait exister. Tous, nous portons en nous une empreinte de l’amour de Dieu. Tous, nous partageons la même vocation : témoigner de la bonté et de l’amour de notre Créateur. Une belle vocation, mais exigeante. Pour que ça ne reste pas que des belles paroles, car il est facile d’en parler, mais il est beaucoup plus difficile de le vivre, demandons de l’aide à Celui qui nous a montré le chemin, par toute sa vie, notre Seigneur Jésus-Christ. C’est en son Fils que Dieu réconcilie le monde avec Lui. C’est en Jésus qu’est la vie et la lumière. Si nous nous efforçons de vivre en Lui, par Lui et pour Lui, nous sommes sur le bon chemin. Amen