Vos lieux de culte Église 29

Première lecture : le livre du Prophète Ésaïe, chapitre 25, versets 6-9

Sur la montagne de Sion, le Seigneur de l’univers offrira à tous les peuples un festin de viandes grasses arrosé de vins fins, des viandes tendres et grasses, des vins fins bien clarifiés. C’est là qu’il supprimera le voile de deuil que portaient les populations, la couverture de tristesse étendue sur tous les pays. Il supprimera la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages. Dans l’ensemble du pays, il enlèvera l’affront que son peuple a subi. Voilà ce qu’a promis le Seigneur. On dira ce jour-là : « C’est lui notre Dieu. Nous avons espéré en lui, et il nous délivre. C’est le Seigneur en qui nous avons espéré. Quelle joie, quelle allégresse de l’avoir comme sauveur ! » (Amen)

Deuxième lecture : l’Évangile selon Jean, chapitre 4, versets 3-14

Jésus quitta la Judée et retourna en Galilée. Comme il devait traverser la Samarie, il arriva dans une ville de Samarie appelée Sychar, près du champ que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué du voyage, était assis au bord du puits. C’était environ midi. Une femme de Samarie vint puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » En effet, ses disciples étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger. La femme samaritaine lui dit : « Comment ? Toi qui es juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » En effet, les juifs n’ont pas de relations avec les Samaritains. Jésus lui répondit : « Si tu savais quel est le cadeau de Dieu et qui est celui qui te dit : « Donne-moi à boire », tu lui aurais toi-même demandé à boire et il t’aurait donné de l’eau vive. « Seigneur, lui dit la femme, tu n’as rien pour puiser et le puits est profond. D’où aurais-tu donc cette eau vive ? Es-tu, toi, plus grand que notre ancêtre Jacob qui nous a donné ce puits et qui a bu de son eau, lui-même, ses fils et ses troupeaux ? » Jésus lui répondit : « Toute personne qui boit de cette eau-ci aura encore soif. En revanche, celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle ». (Amen)

 

« Le Seigneur de l’univers offrira à tous les peuples un festin de viandes grasses arrosé de vins fins, des viandes tendres et grasses, des vins fins bien clarifiés. » Certains pourraient trouver un peu bizarre de parler d’un grand festin, alors que nous venons d’entrer dans le temps de carême. Mais d’autres feraient peut-être remarquer que dans nos régions de tradition protestante, on ne se gêne pas trop pour organiser des brandons et autres carnavals pendant cette période. Que l’on soit partisan d’un carême plutôt austère ou plutôt festif, ce qui va nous intéresser dans ce festin sur la montagne de Dieu n’est pas tant le menu, mais autre chose. On y reviendra tout à l’heure…Commençons par dire quelques mots du carême, qui a commencé mercredi et qui dure 40 jours. Comme les 40 jours que Moïse a passés sur la montagne à prier et à jeûner, pour se préparer à recevoir de Dieu les Tables de la Loi. Comme les 40 jours que Jésus a passés dans le désert, à prier et à jeûner, pour se préparer à son ministère public. De même, les chrétiens ont 40 jours pour se préparer à Pâques. Le carême a toujours été un temps de méditation et de jeûne. Typiquement, l’on mange moins ou pas du tout de viande et parfois aussi d’autres produits d’origine animale. Certains renoncent à l’alcool, aux écrans ou aux réseaux sociaux… On jeûne pour se purifier physiquement et mentalement. Pour se libérer du superflu et accorder plus de place à l’essentiel. Le jeûne peut nous aider à nous libérer de ce qui nous encombre, à faire de la place pour mieux accueillir Dieu. Mais le jeûne est aussi lié à la charité. On se prive un peu soi-même pour pouvoir donner à celles et ceux qui sont dans le besoin. Le temps de carême est donc aussi un temps de solidarité et de partage. Nous connaissons la sympathique tradition des soupes de carême, la vente des roses et d’autres initiatives. Cette année, pour la période du carême, la campagne œcuménique a choisi ce titre choc : « La faim bouffe l’avenir ». Pour nous rappeler qu’aujourd’hui encore, beaucoup de gens dans le monde souffrent de la faim et que pour boire, ils n’ont souvent que de l’eau polluée.

            Les deux textes bibliques d’aujourd’hui nous montrent encore une autre faim, une autre soif. Cette soif dont parlent si bien certains psaumes : le Ps 63 : « Mon Dieu, je te cherche, j’ai soif de toi. Tout mon être soupire après toi, comme une terre aride, desséchée, sans eau. » Ou encore le célèbre Ps 42 : « Comme une biche soupire après des cours d’eau, ainsi mon âme soupire après toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant. » Cette soif de Dieu, consciente ou inconsciente, semble être quelque chose qui est commun à tous les êtres humains. C’est quelque chose qui est difficile à saisir avec les mots. St.  Augustin dit : « Tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en Toi. » Plus de 1000 ans plus tard, le philosophe et mathématicien Blaise Pascale essaie d’exprimer la même vérité avec d’autres mots : « Dans le cœur de chaque homme, Il y a un vide en forme de Dieu qui ne peut être rempli par aucune chose créée, mais seulement par Dieu. » Mais Il faut reconnaître qu’aujourd’hui, beaucoup de gens ne cherchent plus les réponses à leurs questions existentielles dans la religion. Et pourtant, même ces personnes-là cherchent, elles espèrent. Elles cherchent le bonheur, elles cherchent un sens à leur vie, elles espèrent en un monde meilleur, un monde plus juste, où il n’y aurait plus de souffrance, elles ont soif d’amour. Et la Bible nous révèle que Dieu ne reste pas indifférent à cette soif des êtres humains, mais qu’il vient à leur rencontre. Dieu, malgré sa toute-puissance, sait se faire très proche, agir tout en douceur, et fait parfois preuve d’une tendresse toute maternelle. Déjà dans l’Ancien testament, nous trouvons des textes qui nous montrent cette tendresse de Dieu. Dont la prophétie d’Esaïe que nous venons de lire. Elle nous décrit un merveilleux festin que Dieu offrira à tous les peuples. Mais il ne s’agit pas d’un simple banquet. L’important, c’est que Dieu « supprimera le voile de deuil que portaient les populations, la couverture de tristesse étendue sur tous les pays. » Dieu commence par enlever tout ce qui pouvait empêcher les humains de le voir, de le reconnaître, il commence par libérer leur regard. Ensuite, « Dieu supprimera la mort pour toujours. » ... Mais ensuite, Dieu fait un geste peut - être inattendu, un geste d’une grande tendresse : « Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages. » Alors les invités au festin, touchés au plus profond d’eux-mêmes par la compassion et la tendresse de Dieu, s’exclament : « C’est Lui notre Dieu ! Nous avons espéré en Lui et il nous délivre ! C’est le Seigneur en qui nous avons espéré. » Ils avaient espéré en Dieu, certains peut-être sans jamais le dire, d’autres sans se l’avouer à eux-mêmes. Mais ils avaient eu soif d’un Dieu d’amour, et ce dernier les a exaucés. Et ils peuvent maintenant dire avec reconnaissance : « C’est le Seigneur en qui nous avons espéré. Quelle joie, quelle allégresse de l’avoir comme sauveur ! »

Et cette compassion, cette tendresse de Dieu dont parle le prophète Esaïe nous sont révélées d’une manière encore plus évidente dans les Évangiles, en la personne du Fils de Dieu. En Jésus, Dieu descend jusqu’à nous pour nous rejoindre dans nos misères et nos blessures, dans nos joies, et aussi dans notre recherche de bonheur, dans notre soif de sens et de vérité. Comme le jour où Jésus et ses disciples traversent la Samarie et que Jésus reste seul, assis au bord du puits de Jacob. Arrive une Samaritaine, une femme qui avait consacré beaucoup d’énergie à la recherche du bonheur et du sens de sa vie. Alors Jésus décide de briser toutes les barrières qui les séparent, lui, un homme juif, et elle, une femme samaritaine, en lui demandant : « Donne-moi à boire » La première réaction de la femme est une surprise mêlée d’indignation : « Comment ? Toi qui es juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » Mais Jésus ne se laisse pas décourager, et lui répond avec bienveillance : « Si tu savais quel est le cadeau de Dieu et qui est celui qui te dit : « Donne-moi à boire », tu lui aurais toi-même demandé à boire et il t’aurait donné de l’eau vive. » La curiosité de la Samaritaine s’éveille, petit à petit, le dialogue s’engage. Jésus prend le temps de révéler à la femme la vérité sur elle-même et sur Dieu. Et tout à coup, elle comprend que Dieu ne la juge pas, elle à qui on avait collé l’étiquette « la femme aux 5 maris. » Elle se sent enfin accueillie, aimée, telle qu’elle est. Elle est comme libérée, elle sent déjà dans son cœur agir cette source d’eau vive dont parle Jésus. Alors elle laisse là sa cruche et court annoncer aux habitants de la ville : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ! Ne serait-il pas le Messie ? » Son témoignage est si joyeux, si convaincant que les gens de la ville sortent pour aller vers Jésus.

              L’eau, c’est quelque chose d’essentiel : elle sert à laver, à nettoyer les choses, mais elle est surtout indispensable à la vie. Sans eau, aucune vie n’est possible. Et cette eau vive que Jésus propose à la Samaritaine, qu’il nous propose à nous aussi, ce cadeau de Dieu, c’est l’Esprit saint. Qui nous purifie et qui nous fait vivre. Et cette eau vive ne coule pas au compte-gouttes, Dieu nous l’offre avec une générosité qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Si nous accueillons pleinement cette eau vive, elle peut devenir en nous une « source qui jaillira jusque dans la vie éternelle ». Cette vie éternelle que nous sommes invités à vivre déjà maintenant. Et quel est le fruit de cette eau vive, de l’Esprit de Dieu ? C’est l’apôtre Paul qui nous le rappelle dans la lettre aux Galates : « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi. » Dieu nous offre son cadeau avec une infinie générosité, pour que nous soyons généreux à notre tour. Il nous offre son Esprit, son eau vive, pour qu’elle déborde de notre cœur et s’écoule vers celles et ceux qui ont soif d’amour. Alors profitons de ce temps de carême qui commence pour aller souvent puiser à cette source d’eau vive. Le meilleur moyen est de passer chaque jour un moment avec Jésus, s’asseoir tranquillement avec lui au bord du puits… Ce qui peut nous aider à passer chaque jour un moment avec Jésus, c’est bien sûr la lecture de la Bible. Et pourquoi pas un livre de prières (« Prier dans le silence du cœur » de Frère Roger). Il y a aussi des livres qui nous proposent une méditation pour chaque jour (« Un moment avec Jésus » de Sarah Young). Et pourquoi ne pas se lancer dans l’aventure des exercices spirituels ? (« Exercices spirituels pour tous les jours » d’Anselm Grün). Écouter des chants de Taizé peut aussi nous faire du bien. Nous sommes tous différents, mais une chose est sûre : prendre du temps pour Dieu, ce n’est jamais une perte de temps. Et j’aimerais terminer par une prière :

 

Dieu notre Père,

En ce temps de carême qui commence,

Aide-nous à faire la différence entre ce qui est essentiel et ce qui est superflu.

Aide-nous à prendre conscience de notre soif de cette eau vive que Tu veux nous donner.

Aide-nous à accueillir ce cadeau inestimable : ton Esprit d’amour, de joie et de paix.

 

Dieu de tendresse,

Il n’y a que Toi qui peux essuyer les larmes sur tous les visages.

Mais Tu nous fais confiance, Seigneur, et Tu nous envoies vers nos prochains,

Pour que nous soyons auprès d’eux des témoins de ton amour et de ta bonté.

Merci, Seigneur, pour ta confiance ! Aide-nous à en être dignes. Amen