C'est en vous approchant de lui, comme de la pierre vivante,
écartée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu,
que vous aussi, comme des pierres vivantes,
vous formez une maison spirituelle, un saint sacerdoce,
pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus-Christ.
Car il est dit dans l'Écriture:
"Voyez! Je pose en Sion la pierre angulaire, choisie et précieuse;
et celui qui croit en elle ne sera pas confus."
Ainsi donc, pour vous, croyants, l'honneur;
mais, pour les incrédules, la pierre écartée par ceux qui bâtissaient
est devenue la pierre de l'angle,
une pierre d'achoppement, un rocher qui fait tomber:
ils s'y heurtent parce qu'ils n'obéissent pas à la Parole;
et c'est à cela qu'ils étaient destinés.
Mais vous, vous êtes la race élue, le sacerdoce royal,
la nation sainte, le peuple que Dieu s'est acquis,
afin que vous annonciez les vertus de celui
qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière
1 Pierre 2, 4-9
« C’est en vous approchant de Lui […]
que […] vous formez une maison spirituelle. »
Frères et sœurs,
une erreur que l’on commet souvent,
c’est de mettre la charrue avant les bœufs.
On fixe un objectif
avant de se demander si on a les moyens de l’atteindre.
On construit le toit
avant de poser les fondations.
On brûle les étapes
et l’on se retrouve bien embêté,
quand il faut tout défaire
pour reprendre à zéro.
Dans l’Église,
c’est quelque chose de très fréquent,
surtout ces dernières décennies.
On commence par les questions de théologie les plus subtiles,
avant de savoir prier,
avant d’aller au culte,
avant d’être simplement capable de réciter le Notre Père.
Et tout le bagage intellectuel que l’on reçoit
et qui a pour but d’affiner, de purifier une foi déjà présente,
se transforme en un énorme fardeau
qui empêche le geste si simple de la confiance,
qui est la base de notre relation à Dieu,
et, à travers elle, au monde qui nous entoure.
De même, depuis pas mal de temps,
on travaille à reconstruire l’Église
en utilisant tout d’abord
les méthodes de management et de team building.
Comme si l’Évangile n’était pas une source,
un fondement,
la Vie,
mais juste un produit à placer.
L’apôtre Pierre le dit pourtant bien :
« C’est en vous approchant de Lui […]
que […] vous formez une maison spirituelle. »
Le Christ n’est pas une figure que,
dans un second temps,
nous aurions décidé de promouvoir.
C’est tout le contraire :
Il nous précède ;
c’est Lui qui fait de nous Son Église.
Alors, si cette Église a des problèmes,
la solution est à chercher auprès de Lui,
car Lui seul sait pourquoi l’Église existe
et à quoi elle sert.
Et Lui seul peut la remplir de vie.
Penser que l’on puisse d’abord créer une belle mécanique
fonctionnant parfaitement à vide,
et à laquelle on donnera ensuite une tâche quelconque
- produire des vêtements, vendre des meubles,
ou promouvoir l’Évangile - ,
est une mécompréhension absolue
de ce qui est en jeu,
et aussi de ce qu’est l’Évangile.
La Bonne Nouvelle
n’est pas une simple information
réductible à des mots,
à un certain nombre de caractères.
C’est l’amour et la plénitude de Dieu
qui sont venus s’emparer de nos cœurs et de nos vies
en Jésus-Christ, et grâce à Son Esprit qui nous a été donné.
L’Évangile, la Bonne Nouvelle,
ce ne sont pas des phrases.
C’est une Vie qui porte notre vie,
et qui la transforme du tout au tout.
L’apôtre le dit bien :
« C’est en vous approchant de lui […]
que vous aussi, comme des pierres vivantes,
vous formez une maison spirituelle. »
Lorsque nous nous approchons du Christ,
quelque chose change en nous.
Nous devenons vivants d’une vie nouvelle,
d’une vie plus profonde, plus intense, plus sereine.
Et nous devenons aussi des pierres
qui permettent de créer un lieu de louange et de prière,
un lieu de culte où les cœurs s’élèvent à Dieu
et sont transformés par Sa présence.
C’est quelque chose d’étonnant qui est dit ici.
Cette bâtisse n’a pas besoin d’architecte
qui ordonne les pierres selon leur qualité
et selon le plan qu’il a établi.
Il suffit de s’approcher du Christ
et les choses se mettent en place d’elles-mêmes.
Le culte est rendu à Dieu.
Avec peut-être des mots maladroits.
Des chants simplistes et désuets.
Mais qui sont habités par le cœur.
Bien plus que les célébrations parfaites
élaborées par des spécialistes diplômés.
Et c’est de même que la diaconie
est beaucoup plus vivante,
quand elle se vit au jour le jour
sans que l’on s’en rende compte.
Tout simplement parce que l’on vit en Christ,
et que le prochain que l’on se trouve sur sa route
est aussi un membre du Christ,
et donc une partie de nous-mêmes.
Les projets de diaconie,
placent souvent un fossé
entre ceux qui aident et ceux qui sont aidés.
L’autre n’est plus vraiment un frère ou une sœur.
Juste un besoin à combler,
une faim à apaiser,
un chagrin à consoler.
Dans le monde occidental, nous sommes des cérébraux,
nous aimons nous orienter avec notre tête.
Avoir une vision claire des choses.
Déduire un comportement d’une certaine conviction.
L’apôtre nous invite à plus de simplicité.
Vivre avec le Christ.
Laisser notre cœur être transformé par Sa présence,
par Sa douceur.
Et devenir ainsi Église,
sans même s’en rendre compte,
sans avoir besoin de murs,
d’organisation,
de statuts.
« C’est en vous approchant de lui,
comme de la pierre vivante,
écartée par les hommes
mais choisie et précieuse devant Dieu. »
L’apôtre le rappelle :
le Christ a été écarté par les hommes.
Ils ne savaient que faire de lui.
Ils voulaient quelqu’un d’autre.
Dans leurs projets, il n’y avait pas de place pour lui.
Il n’était pas assez fort.
Pas assez énergique.
Pas assez rassurant.
Trop déroutant.
Et en même temps trop banal.
Nous aussi, nous nous sommes formé une image
de ce que le Christ devrait être.
Il suffit de voir toutes les représentations qui ont été faites
à travers les siècles
et qui, souvent, en disent plus long sur leurs créateurs
que sur celui qu’elles essaient de représenter.
Il y a le Jésus doucereux des images pieuses,
avec des cheveux toujours soyeux et très propres.
Il y a le Jésus au charisme incroyable
qui attire à lui tous les regards.
Il y a le Jésus sympa qui met de l’ambiance
partout où il passe.
Eh oui, nous rêvons d’un Jésus qui s’impose de lui-même,
d’un Jésus qui s’empare des cœurs
sans qu’ils ne manifestent la moindre résistance.
L’apôtre le dit pourtant,
le Christ, c’est « la pierre vivante,
écartée par les hommes
mais choisie et précieuse devant Dieu. »
Il y a un pas à faire
pour dépasser ce premier rejet des hommes
qui ne nous est pas étranger.
Il y a un pas à faire
pour rencontrer le Christ
tel qu’il est vraiment
et non pas tel que nous rêvons qu’il soit.
L’apôtre le dit bien :
nous devons nous approcher de cette pierre vivante
pour devenir nous-mêmes des pierres vivantes.
Et pour cela,
nous devons renoncer à nos envies et à nos préjugés.
Exposer notre cœur.
Et le laisser être touché.
Rencontrer le Christ vivant,
toujours plus grand,
toujours différent de comme nous l’imaginons,
de ce que l’on nous a appris.
Et le laisser s’emparer de nos vies.
C’est ainsi que l’Église s’édifie.
Loin de ces diagrammes que l’on multiplie
et de tous les rapports qui s’empilent.
Non pas une institution.
Mais un corps vivant.
Une vie qui circule
et qui remplit de sève
ce que l’on croyait à moitié mort.
À l’heure où l’institution qui nous chapeaute
a beaucoup perdu de sa splendeur,
il est bon d’entendre l’apôtre nous rappeler
la vraie nature de l’Église.
Oui,
« c’est en vous approchant de lui,
comme de la pierre vivante,
écartée par les hommes
mais choisie et précieuse devant Dieu,
que vous aussi, comme des pierres vivantes,
vous formez une maison spirituelle. »