Jésus partit de là. Il vient dans sa patrie et ses disciples le suivent.
Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue.
Frappés d’étonnement, de nombreux auditeurs disaient :
« D’où cela lui vient-il ?
Et quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, si bien que même des miracles se font par ses mains ?
N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, de Josès, de Jude et de Simon ?
et ses sœurs ne sont-elles pas ici, chez nous ? »
Et il était pour eux une occasion de chute.
Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie, parmi ses parents et dans sa maison. »
Et il ne pouvait faire là aucun miracle ; pourtant il guérit quelques malades en leur imposant les mains.
Et il s’étonnait de ce qu’ils ne croyaient pas.
Évangile selon Marc, chapitre 6, versets 1 à 6
Et parce que ces révélations étaient extraordinaires, pour m’éviter tout orgueil,
il a été mis une écharde dans ma chair, un ange de Satan chargé de me frapper, pour m’éviter tout orgueil.
A ce sujet, par trois fois, j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi.
Mais il m’a déclaré : « Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. »
Aussi mettrai-je ma fierté bien plutôt dans mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ.
Donc je me complais dans les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions, et les angoisses pour Christ !
Car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.
2e lettre aux Corinthiens, chapitre 12, versets 7 à 10
« D’où cela lui vient-il ? »
Frères et sœurs,
la question des habitants de Nazareth
peut sembler pleine de méfiance.
Et il serait tentant de la prendre de haut.
Mais, en réalité, il vaut la peine de s’y arrêter.
Elle est en effet d’une grande pertinence
Souvent,
nous nous imaginons façonnés
par le milieu dans lequel nous avons grandis.
Ou alors,
nous nous voyons comme les enfants d’une époque.
Il nous semble logique
d’avancer dans les traces de nos parents.
Le fils reprend l’entreprise de son père,
ou sa profession.
Et c’est ainsi qu’il y a de vraies dynasties
de pasteurs ou de médecins.
Un proverbe le dit bien :
« Les chats ne font pas des chiens. »
Seulement,
il y a des exceptions
plus nombreuses
qu’on le pense.
Non seulement
ce fils d’ouvrier qui devient ministre.
Mais aussi ce fils de banquier
qui se fait moine.
Ce fils de notaire
qui devient artiste
ou globe-trotter.
« D’où cela lui vient-il ? »
De tels virages suscitent le soupçon.
« Mais qu’est-ce qui s’est passé ?
Il a perdu la tête.
C’est comme s’il y avait eu
un court-circuit dans son cerveau
ou dans son cœur.
Il avait pourtant une voie
toute tracée devant lui.
Il suffisait de la suivre. »
À Nazareth,
Jésus, avant d’être Jésus,
est le fils du charpentier.
On connaît son père.
On connaît sa mère.
Donc, lui aussi,
on le connaît.
Seulement,
le voilà qui prend la parole
à la synagogue,
et ce qu’il dit est fort, profond.
Il y a aussi des gestes marquants
qu’il accomplit,
soulageant des personnes
en souffrance.
« D’où cela lui vient-il ? »
« Ce n’est pas normal.
C’est bizarre.
Ce n’est pas dans la logique des choses.
Un fils de charpentier,
ça aide son père,
ça travaille le bois.
Ça ne se comporte pas ainsi ! »
On imagine volontiers le monde
réglé comme du papier à musique.
Certains voient Dieu
comme un grand horloger.
Avec l’univers comme un grand mécanisme,
incroyablement complexe,
mais en même temps parfaitement équilibré,
parfaitement régulier.
« D’où cela lui vient-il ? »
Dieu comme créateur,
non seulement au commencement,
mais aussi à chaque instant.
Dieu qui met une touche de nouveauté
dans ce monde qui semblait si bien balisé,
si rassurant.
Dieu qui se permet d’intervenir
là où on ne l’attend pas.
Et cela peut être aujourd’hui.
Cela peut être demain.
Être prêt à cela,
c’est ce que l’on appelle l’espérance.
Le monde, la vie,
non pas abandonnés à eux-mêmes,
mais portés par une attention de chaque instant,
par une sollicitude,
par la main, par l’œil d’un artiste.
Le monde, la vie,
que l’on ne peut en aucun cas réduire
au résultat d’un grand algorithme.
Oui, l’Esprit surgit là où on ne l’attend pas.
Et il agit d’une manière
qui ne correspond pas à ce que l’on imaginait.
Jésus est trop grand pour les habitants de Nazareth.
Pour d’autres, il sera trop petit, trop faible.
Et cela continue aujourd’hui.
« D’où cela lui vient-il ? »
Un professeur d’université
explique le parcours de Jésus
par son statut totalement hypothétique
de bâtard d’un officier romain.
D’autres rappellent que,
des prédicateurs itinérants et des gourous en tous genre,
il y en avait des foules à cette époque,
et que c’est l’activité débordante de l’apôtre Paul
qui a fait sortir Jésus du lot,
en lui donnant une autre stature.
Ce besoin d’une explication simple,
rationnelle, linéaire !
Comme si le monde était plat.
Comme s’il n’y avait pas encore
d’autres dimensions
à travers lesquelles
Dieu influe sur le cours des choses.
Dans sa deuxième lettre aux Corinthiens,
l’apôtre Paul relate l’expérience bouleversante
qu’il a faite,
et qui a changé sa compréhension de Dieu,
ainsi que sa compréhension de la vie,
très certainement.
Il parle d’une écharde dans la chair dont il souffrait.
Certains imaginent une maladie chronique.
Peut-être de l’épilepsie.
Évidemment,
cela le handicapait dans son ministère :
il ne pouvait pas faire autant qu’il l’aurait voulu.
Et c’est pourquoi il a demandé à plusieurs reprises à Dieu
d’être débarrassé de ce mal.
La réponse qu’il a reçue de Dieu fut :
« Ma grâce te suffit. »
En d’autres mots,
c’est à un autre niveau que ce que l’on imagine
que la grâce de Dieu intervient.
Non pas rendre la vie facile,
confortable.
Mais l’éclairer de telle façon
que l’on peut vivre avec une écharde dans la chair,
en étant toujours ralenti, handicapé,
mais sans plus en souffrir.
Les voies de Dieu ne sont pas les nôtres.
Il est bon de le comprendre,
et de ne pas y voir un désaveu,
mais une ouverture,
un appel à se mettre en route,
à aller, tel Abraham,
au-devant de ce que l’on n’avait jamais imaginé.
Les habitants de Nazareth
étaient surpris que le fils du charpentier
puisse parler avec autant de sagesse.
Notre Église a tellement formalisé
l’accès au pastorat et au diaconat
qu’elle en a oublié que Dieu nous interpelle souvent
en dehors des structures ecclésiales
et du ministère consacré.
L’apôtre Paul, lui,
a découvert que la grâce de Dieu
pouvait le rendre fort,
non pas en supprimant ses faiblesses,
mais en lui permettant de les assumer,
de les habiter.
Nous rêvons souvent d’une santé parfaite,
d’un dynamisme infatigable,
d’une prospérité éclatante,
pour nous,
pour notre pays,
pour notre Église.
L’Écriture nous rappelle
que le chemin que Dieu trace pour nous
peut être d’un tout autre ordre.
L’important, ce n’est pas
qu’il corresponde à nos idées, à nos envies, à nos projets.
Juste que nous y entendions sa voix,
que nous y sentions le souffle de son Esprit.
Les apparences sont souvent trompeuses.
Les moments les plus féconds ne sont pas ceux que l’on croit.
Quand tout est en ordre, quand tout roule,
c’est parfois simplement
que l’on ne voit pas plus loin que le bout de son nez.
Alors que, quand nos certitudes sont bousculées,
c’est parfois Dieu qui prépare le terrain
pour une tout autre richesse,
pour une tout autre grandeur :
ce que l’on appelle le royaume des cieux.
Amen