Vos lieux de culte Église 29

Comme quelques-uns disaient du temple

qu'il était orné de belles pierres et d'objets apportés en offrandes,

Jésus dit :  Les jours viendront où, de ce que vous voyez,

il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée.

Ils lui demandèrent : Maître, quand donc cela arrivera-t-il,

et quel sera le signe annonçant ces événements ?

Jésus répondit : Prenez garde d'être séduits.

Car beaucoup viendront sous mon nom

et diront : C'est moi, et le temps est proche.

Ne les suivez pas.

Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres,

ne vous effrayez pas, car cela doit arriver premièrement.

Mais ce ne sera pas tout de suite la fin.

Alors il leur dit : Une nation s'élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume,

il y aura de grands tremblements de terre, et par endroits, des pestes et des famines ;

il y aura des (phénomènes) terribles et de grands signes dans le ciel.

Mais, avant tout cela, on portera les mains sur vous et l'on vous persécutera ;

on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison,

on vous mènera devant des rois et devant des gouverneurs, à cause de mon nom.

Cela vous donnera l'occasion de rendre témoignage.

Mettez-vous donc dans l'esprit de ne pas préméditer votre défense,

car je vous donnerai une bouche et une sagesse

à laquelle tous vos adversaires ne pourront résister ou contredire.

Vous serez livrés même par des parents, des frères, des proches et des amis,

et ils feront mourir plusieurs d'entre vous.

Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom.

Mais il ne se perdra pas un cheveu de votre tête ;

par votre persévérance vous sauvegarderez vos âmes.

 

Évangile selon Luc 21, 5-19

 

 

« Une nation s’élèvera contre une autre nation,

et un royaume contre un autre royaume.

Il y aura de grands tremblements de terre,

des famines et des pestes en divers lieux,

des phénomènes effrayants et de grands signes dans le ciel. »

 

Frères et sœurs,

à entendre Jésus, les journalistes ont de quoi se réjouir.

Le malheur, ça fait vendre.

Alors, cette accumulation de catastrophes qu’il annonce,

c’est le bonheur, non ?

 

J’en suis conscient :

mon ironie est totalement déplacée.

Depuis des mois, la guerre fait rage en Europe.

Les catastrophes naturelles aussi sont toujours plus nombreuses.

La peur est justifiée.

Que dis-je ?

La peur ?

La panique !?

 

Certains activistes écologiques s’appellent eux-mêmes :

« La dernière génération ».

La dernière génération à pouvoir encore faire quelque chose.

Les suivants n’auront plus cette possibilité.

Ils devront subir.

Oui, après, ce sera trop tard.

Après, tout sera foutu.

 

Une atmosphère apocalyptique

se répand ainsi toujours plus dans les esprits.

 

Et les médias ne font rien pour calmer le jeu.

Au contraire.

L’angoisse, la peur, c’est une tension.

C’est dramatique.

On est captivé.

On retient son souffle.

« Attention, Mesdames et Messieurs,

il se passe des choses.

Il va se passer des choses.

N’éteignez surtout pas votre poste ! »

 

Des bouffées de ce genre,

l’humanité en a déjà connu beaucoup.

Avec des conséquences souvent plus désastreuses

qu’un peu de soupe ou de purée

sur le verre protégeant une toile de maître.

 

La peur, la panique, sont mauvaises conseillères.

Et il n’est pas très malin de les attiser.

Toujours plus facile de lancer un mouvement

que de l’éteindre,

ou même, simplement, d’en garder le contrôle.

 

Pourtant, nous l’avons entendu,

l’Évangile lui aussi contient des tableaux terrifiants.

 

« Une nation s’élèvera contre une autre nation,

et un royaume contre un autre royaume.

Il y aura de grands tremblements de terre,

des famines et des pestes en divers lieux,

des phénomènes effrayants et de grands signes dans le ciel. »

 

Oui, ce sont des paroles de Jésus.

Elles se trouvent dans l’Évangile.

Et elles ont certainement fait le bonheur

de bien des prédicateurs cherchant

à renforcer leur emprise sur les foules.

 

Seulement Jésus n’en reste pas à cette énumération effrayante.

Il donne aussi une clé pour affronter ces catastrophes :

« C’est par votre patience

que vous sauverez vos âmes. »

 

Eh oui, la patience,

et non la panique.

Tenir bon.

Rester ferme.

Ne pas céder à la pression.

 

Une force est là à l’intérieur,

qui nous permet de ne pas juste être

un fétu de paille emporté par le vent :

le jouet des circonstances extérieures.

 

Vous connaissez mon refrain :

les apparences sont parfois trompeuses.

Le monde contemporain, lui,

voit les choses d’un tout autre œil.

« C’est sur Internet, donc c’est vrai ! »

« Vous n’avez pas lu la déclaration ? »

« Vous n’avez pas vu la vidéo, la photo ? »

Il n’y a pas d’apparences.

Tout est à prendre sans réserve.

Et plus c’est fort, plus c’est prenant, plus c’est vrai.

Il n’y a qu’à lire le titre : pas besoin d’aller plus loin !

Pas de recul.

Pas de mise en perspective.

C’est inutile.

Tout est clair.

Tout est dit.

L’émotion que l’on ressent est si forte :

elle ne peut pas tromper.

 

« Une nation s’élèvera contre une autre nation,

et un royaume contre un autre royaume.

Il y aura de grands tremblements de terre,

des famines et des pestes en divers lieux,

des phénomènes effrayants et de grands signes dans le ciel. »

 

Comment ne pas être scotché par cette description ?

Quel spectacle terrible !

 

Seulement, voilà,

malgré ce que pense notre époque,

les apparences peuvent être trompeuses.

Et ce n’est pas juste moi qui le dis.

D’une certaine façon, c’est là le message central de la foi.

 

Rappelez-vous Élie à l’Horeb.

Le Tout-puissant n’était

ni dans l’ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu.

Il était dans un murmure doux et subtil.

Et il vaut la peine de s’arrêter là-dessus,

de prendre la mesure de ce dont Élie a fait l’expérience.

Un murmure doux et subtil plus fort, plus décisif

qu’un ouragan, qu’un tremblement de terre, qu’un incendie.

Ou pour le dire autrement :

un ouragan, un tremblement de terre, un incendie

- et représentez-vous ce que cela signifie concrètement –

complètement balayés, anéantis,

par un murmure doux et subtil.

 

Eh oui, la vraie puissance n’est pas là où on le pense.

Et il n’est pas mauvais de s’en souvenir

quand le spectacle des catastrophes du moment nous tétanise.

 

Non, nous ne sommes pas abandonnés.

Nous ne sommes pas condamnés à périr,

engloutis par les cataclysmes qui se déversent sur nous.

 

Seulement, il faut le voir, le secours n’a pas forcément

le visage que nous attendons.

Pas de chevalier à l’armure étincelante,

ni de magicien avec une baguette magique.

Pas de grosse main qui descend du ciel,

ni non plus de Zorro qui surgit hors de la nuit.

L’apôtre Paul le dit bien :

« Les Juifs demandent des miracles,

et les Grecs cherchent la sagesse :

nous, nous prêchons Christ crucifié,

scandale pour les Juifs et folie pour les païens,

mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs,

Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. »

(1 Corinthiens 1, 22-24)

 

Eh oui, rien de spectaculaire.

Et Jésus le dit bien Lui-même :

« C’est par la patience – la persévérance –

que vous sauverez vos âmes. »

 

Bien sûr, nous rêvons tous d’un monde sans guerres,

sans catastrophes naturelles,

sans violence, sans injustice,

sans criminalité, sans misère.

Et nous avons même pensé un temps

qu’il était là à portée de main,

puisque les problèmes avaient été externalisés

hors de notre champ de vision,

sur d’autres continents.

 

Maintenant, la tendance s’est complètement inversée :

à passer ses journées sur Internet,

on ne voit plus que des difficultés insurmontables

et l’on oublie toutes ces choses qui vont bien.

 

On oublie surtout que l’important,

ce ne sont pas la facilité et le confort dont on pourrait jouir,

mais de pouvoir toujours avancer sans peur,

et cela, même dans la vallée de l’ombre de la mort.

Car Quelqu’un est ici avec nous

qui nous ouvre le chemin

qui prend sur Lui tout ce qui nous charge.

 

La croix n’est pas engageante, bien sûr.

Mais c’est là,

dans la réalité souvent difficile de la vie,

que le Christ nous attend,

pour nous faire vivre cet amour qui chasse toute peur,

pour nous partager cette confiance qui peut tout surmonter,

même les catastrophes,

même la mort.

 

À Lui soit la gloire, maintenant et toujours, pour l’éternité.

 

Amen

 

Pasteur Jean-Nicolas Fell