Vos lieux de culte Église 29

Là-bas, il entra dans la grotte et y passa la nuit.

Or, voici que la parole de l'Éternel lui fut (adressée) en ces mots : "Que fais-tu ici, Élie ?"

Il répondit : "J'ai déployé mon zèle pour l'Éternel, le Dieu des armées ;

car les Israélites ont abandonné ton alliance, ils ont renversé tes autels,

ils ont tué par l'épée tes prophètes ; je suis resté, moi seul, et ils cherchent à prendre ma vie. "

L'Éternel dit : "Sors et tiens-toi sur la montagne devant l'Éternel !"

Et voici que l'Éternel passa ;

un grand vent violent déchirait les montagnes et brisait les rochers devant l'Éternel :

l'Éternel n'était pas dans le vent.

Après le vent, ce fut un tremblement de terre :

L'Éternel n'était pas dans le tremblement de terre.

Après le tremblement de terre, un feu : L'Éternel n'était pas dans le feu.

Enfin, après le feu, un son doux et subtil.

Quand Élie l'entendit, il s'enveloppa le visage de son manteau, il sortit et se tint à l'entrée de la grotte.

Or voici qu'une voix lui dit : "Que fais-tu ici, Élie ?"

1er Livre des Rois, chapitre 19, versets 9 à 13

 

 

Ensuite, il obligea les disciples à monter dans la barque

et à le précéder sur l'autre rive, pendant qu'il renverrait les foules.

Après les avoir renvoyées, il monta sur la montagne pour prier à l'écart ;

et le soir venu, il était là seul.

La barque était déjà à une distance de plusieurs stades de la terre,

malmenée par les vagues ; car le vent était contraire.

A la quatrième veille de la nuit, Jésus alla vers eux en marchant sur la mer.

Quand les disciples le virent marcher sur la mer, ils furent troublés

et dirent : "C'est un fantôme !"

Et dans leur crainte, ils poussèrent des cris.

Jésus leur dit aussitôt : "Rassurez-vous, c'est moi, n'ayez pas peur ! "

Pierre lui répondit : "Si c'est toi, ordonne-moi d'aller vers toi sur les eaux."

Et il dit : "Viens !"

Pierre sortit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus.

Mais en voyant que le vent était fort, il eut peur,

et, comme il commençait à enfoncer il s'écria : "Seigneur, sauve-moi !"

Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit

et lui dit : "Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?"

Ils montèrent dans la barque, et le vent tomba.

Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant Jésus

et dirent : "Tu es véritablement le Fils de Dieu."

Évangile selon Matthieu, chapitre 14, versets 22 à 33

 

« C’est un fantôme ! »

 

Frères et sœurs,

la réaction des disciples semble bien naïve :

Jésus s’approche d’eux en marchant sur l’eau,

et ils ne le reconnaissent pas.

Au lieu de se réjouir,

ils s’effraient :

« C’est vraiment bizarre !

Ça doit sûrement être un revenant ! »

 

La parole de Jésus sur la paille et la poutre

nous le rappelle :

les défauts que nous pointons chez les autres

sont souvent ceux

dont nous sommes nous-mêmes affligés

dans une mesure plus grande encore.

 

Les disciples n’imaginent pas

que Jésus puisse venir les rejoindre

en marchant sur l’eau.

Et ils trouvent donc une autre explication

pour cette forme qui s’approche d’eux.

 

Dans les moments de détresse,

il est difficile de concevoir que Quelqu’un

puisse venir à notre secours.

 

Et pourtant Jésus est venu

vers ses disciples en difficulté

en marchant sur les eaux.

Une aide qu’aucun d’eux ne pouvait imaginer.

Une aide qui était inconcevable.

Une aide qui n’avait pas sa place

dans leur champ de vision,

dans leur champ de pensée.

 

Et c’est tout le drame

de notre société hyper-organisée :

nous sommes persuadés

qu’en dehors de notre champ de vision,

en dehors de notre champ de pensée,

il n’existe rien.

 

Nous sommes persuadés

d’avoir une vision objective

de toutes les possibilités :

de tous les risques,

de toutes les chances.

 

D’ailleurs,

quand une catastrophe inédite survient,

comme la pandémie du covid,

ou la guerre en Ukraine,

nous allons tout de suite chercher

un vieux rapport qui pointait ce danger.

Une façon de dire :

« Vous voyez :

rien ne peut nous prendre au dépourvu.

Tout avait été bien prévu. »

 

Les disciples, eux, n’avaient pas prévu

que Jésus les rejoigne en marchant sur l’eau.

Et quand ils le voient s’approcher,

ils sont incapables de le reconnaître,

incapables de comprendre ce qui se passe.

Et ils s’écrient :

« C’est un fantôme ! »

 

Beaucoup de croyants

rêvent de voir un miracle.

Sans douter un instant

d’être à même de le reconnaître.

 

Pour eux, c’est simple :

un miracle,

c’est quand leur rêve

devient réalité.

La tumeur cancéreuse

disparaît sans laisser de traces.

Un gros chèque atterrit

sur le compte dans le rouge.

Des pluies abondantes

mettent un terme à la sècheresse.

 

C’est bien sûr surprenant.

Mais, en même temps,

cela correspond exactement

à ce que l’on souhaitait.

 

Lorsqu’il entend un murmure doux et subtil,

Élie, lui, ne dit pas :

« C’est un fantôme ! »

Il s’enveloppe le visage de son manteau,

et sort pour se mettre comme au garde-à-vous

devant la présence de Dieu.

 

Pourtant,

Dieu qui vient dans un murmure doux et subtil,

c’était vraiment la dernière chose qu’il aurait imaginée,

la dernière chose qu’il aurait souhaitée.

Une armée était lancée à ses trousses

avec pour ordre de le tuer.

Il se sentait lâché de tous.

Au service d’un Dieu qui reste muet

alors que l’on persécute et massacre

ses serviteurs.

 

« Que fais-tu ici, Élie ?

- J’ai été saisi d’une ardente jalousie

pour l’Éternel, le Dieu des armées ;

car les enfants d’Israël

ont abandonné ton alliance ;

ils ont démoli tes autels ;

ils ont fait périr tes prophètes par l’épée ;

moi seul, je suis resté,

et ils cherchent à m’ôter la vie. »

 

Élie rêve certainement

d’un retournement de situation,

d’un Dieu puissant

qui ferait entendre sa colère

et sentir sa force.

Un Dieu qui réduirait en cendres

tous ces soldats qui le pourchassent.

 

Mais en même temps,

il faut être réaliste.

Alors comment ne pas se poser ces questions ?

Et si Dieu n’en avait tout simplement rien à faire de lui, Élie ?

Ou même :

Et si tout simplement Dieu n’existait pas ?

Et si ce n’était qu’une illusion ?

Un rêve qu’Élie aurait fait ?

 

Dans ce contexte,

percevoir la présence de Dieu

dans un murmure doux et subtil,

c’est tout sauf une évidence.

C’est un vrai miracle.

 

Bien sûr,

quand on a été éduqué

dans l’idée d’un Dieu sévère,

dur,

pour ne pas dire méchant,

qui ne laisse rien passer,

et qui traque le pécheur,

qui punit le moindre écart,

c’est merveilleux

de découvrir Dieu

comme un murmure doux et subtil.

C’est ce dont on rêvait.

Même si l’on n’osait pas le dire.

Même si l’on n’en était pas conscient.

 

Mais ce n’est pas la situation d’Élie.

Dieu dans un murmure doux et subtil,

il ne sait pas quoi en faire.

Cela n’entre pas dans ses catégories,

dans ses calculs.

Et pourtant il reconnaît

que Dieu est bien là

dans ce murmure.

Et il s’incline.

 

C’est d’espérance qu’il est question

dans ces deux récits.

 

Être prêt à ce que l’on n’imagine pas.

Être prêt à ce que l’on n’attend pas.

 

Et surtout

recevoir, accueillir

ce secours qui nous vient

sous une forme

qui ne correspond

à rien de connu.

 

Il me semble que

c’est tout spécialement important

maintenant,

alors que le monde

que nous connaissions

et qui nous semblait immuable

se défait toujours plus rapidement.

 

Souvent,

on a recours aux vieilles recettes.

Toujours plus de lois, de règlements,

et de structures.

Toujours plus de subventions.

Certains rêvent de dirigeants à poigne.

 

Mais peut-être

que c’est tout autre chose

que Dieu va nous envoyer,

pour nous permettre de créer du nouveau,

et non pas juste assurer le statut-quo.

 

Et il en va de même dans l’Église.

Dans nos assemblées vieillissantes,

on rêve parfois de jeunes ministres dynamiques

qui attireraient de nouvelles générations en masse.

Alors que d’autres appellent

à ce que l’on resserre les boulons

au niveau doctrinal,

et que l’on se profile

de façon bien plus tranchante.

Mais peut-être Dieu vient-il

sauver Son Église d’une façon totalement différente,

totalement inédite.

 

Personne au temps de Jésus

n’imaginait un Messie offrant sa vie

sur un croix !

Et encore maintenant,

bien des personnes se réclamant du christianisme

ont de la peine avec une douceur

qui serait plus qu’un masque,

ou que ce fameux gant de velours

qui cache en réalité une main de fer.

 

« C’est un fantôme ! », s’écrient les disciples.

Combien de fois ne leur ressemblons-nous pas

quand nous disons :

« C’est une fausse piste ! »

« C’est de la naïveté ! »

« C’est du n’importe quoi ! »

« C’est de l’inconscience ! »

« C’est une folie ! »

 

On réagit souvent de façon hâtive.

Avec des jugements précipités.

Et cela d’autant plus

que l’on se trouve dans une situation de stress,

que l’on se sent désécurisé.

 

Depuis quelques années,

nous sommes sous toujours plus sous pression.

Il y a eu le covid.

Il y a la guerre en Ukraine.

Et l’on constate aussi que notre Église

n’a plus la force et l’assurance

qu’elle avait il y a seulement cinq ans.

 

La solution de facilité,

c’est de se croire abandonné,

et de se morfondre sur soi-même :

« Pauvre de moi !

Je ne méritais vraiment pas ça ! »

 

La Bible, elle, nous invite

à rester aux aguets.

Non pas pour éviter les coups.

Mais avant tout pour être à même

d’accueillir ce Dieu

qui vient nous aider

par des chemins étonnants.

 

Alors n’en doutons pas :

il est ici qui nous porte,

en ce moment.

 

Non, Dieu ne nous laisse pas tomber.

Seulement son salut, son aide,

dépassent infiniment ce que nous pouvons imaginer.

Ils ne sont pas juste beaucoup plus grands.

Ils sont surtout différents,

surprenants,

inédits.

 

Alors, ne cédons pas à la première impression.

Ne cédons pas à la peur.

Et surtout, sachons nous laisser surprendre.

 

Amen