Vos lieux de culte Église 29

Les grandes révolutions se font sans tapage. Il y a encore vingt ans, personne n’aurait imaginé qu’un jour tout le monde aurait dans sa poche un mini-ordinateur et qu’il serait quasi impossible de vivre sans.

D’autres évolutions importantes se profilent. L’intelligence artificielle produit maintenant des textes de meilleure qualité que ceux rédigés par des être de chair et de sang. Cela, bien plus rapidement et à un coût infiniment moindre.

L’être humain a longtemps prétendu être supérieur aux autres êtres vivants parce qu’il était à même de mettre des idées en paroles. Mais à ce jeu une machine est en train de le dépasser. Un ordinateur en moins bien, voilà ce que nous sommes ! Pas facile à entendre.

Une scène de l’Évangile mérite d’être rappelée. Pilate présente Jésus couronné d’épines à la foule et dit : « Ecce homo ! », « Voici l’homme ! »

La phrase est ambigüe. D’un côté, elle est totalement anodine. Mais on peut aussi la comprendre autrement : toute la grandeur de l’être humain qui s’exprimerait ici dans ce prisonnier.

Pourtant, cet homme ne fait pas de beaux discours. C’est tout le contraire : il se tait. Ce que l’on remarque, c’est qu’il est couvert de blessures. Et il l’assume. Il l’a d’ailleurs dit : sa vie, personne ne la lui prend, mais il la donne de lui-même.

L’Évangile dit que c’est cela le vrai sommet de l’humanité. Non pas aligner les phrases et les mots. Mais s’offrir soi-même pour que les autres aient la vie et qu’ils l’aient en abondance.

Nous sommes souvent éblouis par les grands virtuoses de la parole qui savent tout expliquer, tout démontrer, tout prévoir. En oubliant un peu vite que ce sont leurs semblables qui ont justifié toutes les violences, toutes les guerres.

C’est ailleurs qu’il faut chercher la grandeur de l’humanité. Non pas ces discours éblouissants qui tiennent les foules en haleine. Mais cette croix sur laquelle le Christ se donne pour qu’aucun de nous ne se perde. Un geste qu’aucun ordinateur n’est à même de reproduire. Notre vrai visage.

 

Jean-Nicolas Fell