Un souvenir de mon enfance, ce sont ces après-midis passés à regarder les nuages glisser dans le ciel. Cet espace incroyable qui s’ouvrait au-dessus de mon visage ! Une ouverture sur l’infini. Comme lorsque l’on se retrouve face à l’océan.
Le ciel, c’était aussi cette liberté que je ressentais quand je contemplais les martinets tournoyants dans les airs. Et cela m’occupait de longues minutes avant l’école.
Seulement les années passent. Et on lève toujours moins les yeux. Notre horizon se réduit toujours plus à ces maisons et ces routes qui font le monde des humains.
Il y a bien sûr les arbres et les montagnes qui poussent vers le haut. Mais, en même temps, ils sont fermement ancrés dans la terre. L’azur au-dessus des têtes semble lointain. Juste un fond. Un arrière-plan.
Ce qui occupe notre champ de vision, c’est ce monde si compliqué où il faut trouver un chemin. Un vrai labyrinthe avec tant d’obstacles. Qu’il est facile de se perdre ou de se retrouver dans une impasse !
Le ciel, lui, est tellement plus simple. Dans toutes les directions, la voie est libre, et elle s’ouvre sur l’infini. Pas de mur, pas de barrière. Rien qui entrave.
Mais nous ne sommes pas des oiseaux. La pesanteur est là qui nous tire vers le bas et nous empêche de virevolter. Le corps tient à la terre. Mais notre esprit et notre cœur, eux, sont attirés par le haut. Cette limpidité ! Cette légèreté ! Cette ouverture !
Oui, avoir les idées larges, avoir le cœur pur, c’est important. Et même plus, c’est essentiel. L’Ascension du Christ, vrai homme et vrai Dieu, nous le rappelle : notre humanité a à voir avec cette clarté et cette ampleur que l’on trouve là-haut, loin de l’étroitesse d’ici-bas.
Nous sommes bien sûr des terriens. Mais le ciel ne nous est pas étranger. C’est même notre vraie patrie. Non seulement au-dessus de nous. Mais aussi surtout en nous. Ne pas s’enfermer dans ce qui est petit. Mais avoir la liberté de l’oiseau. Sa générosité. Son audace.
Jean-Nicolas Fell
pasteur de l’EERV à Yverdon-Les-Bains