« Quelle est ta priorité ? » (02.06.24)

Lecture biblique : Jésus est reçu chez Marthe et Marie (Luc 10)

38Tandis que Jésus et ses disciples étaient en chemin, il entra dans un village où une femme, appelée Marthe, le reçut chez elle. 39Elle avait une sœur, appelée Marie, qui, s'étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. 40Marthe était très affairée à tout préparer pour le repas. Elle survint et dit : « Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma sœur me laisse seule pour faire le service ? Dis-lui donc de m'aider. » 41Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses, 42mais une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera pas enlevée. »

Prédication : « Quelle est ta priorité ? »

Résumé : Quasi féministe – dépeignant une femme comme disciple modèle – l’histoire bien connue de Marthe et Marie nous rappelle, dans la course de notre société actuelle, l’importance de se poser, de mettre sur pause, et se mettre à l’écoute de la Parole de Jésus, comme le fait Marie. Si les deux femmes se complètent, comme deux faces d’une même pièce de monnaie qui sont toujours à articuler, la priorité, c’est bel et bien de s’arrêter, d’écouter, et de ne pas s’inquiéter dans une agitation constante, telle que le vit Marthe. Un défi pour nos vies !

Prédicaion à écouter ici.

 

Chers frères et sœurs en Christ,

Dans votre vie, quelle est la priorité ?

  • Tes affaires, ou ton animal de compagnie ? Le bouquet de la mariée ou la bière ? Ta séance de travail ou lire tes messages sur ton natel ? 
  • Oui, pour reprendre une bonne vieille question du permis de conduire, qui a la priorité ? les piétons de grandes villes ou les voiture/bus/tramways/vélos ? La priorité c’est moi !!!
  • Oui la priorité c’est qui : Dans notre société individualiste on entend souvent « ma priorité c’est moi ! » Non… « la priorité ce n’est pas toi, c’est l’autre » Alors elle est où la priorité ???
  • « Notre priorité d’aujourd’hui c’est de prioriser les priorités ». Ben oui. Évidemment.

Alors  quelle est la priorité dans ta vie ? Dans notre société, le « faire » semble est la priorité. Tu FAIS quoi dans la vie ? (je FAIS de mon mieux) tu vas FAIRE quoi pendant tes vacances ? (bon on pourrait quand même dire qu’ « Être en vacances c’est n’avoir rien à FAIRE et avoir toute la journée pour le FAIRE ». Faire, faire, faire, c’est comme si la société n’avait plus que ce mot à la bouche. Pendant mon week-end de congé, j’ai fait le ménage, les courses, le jardin, mes impôts, j’ai fait un apéro avec des amis, j’ai fait découvrir ce musée à mes enfants, j’ai fait la fête (des mères), STOOOP ! Dans notre société de la performance et du rendement, la priorité de notre vie est-elle dans le FAIRE ?

Regardons ce que nous dit l’Évangile. D’abord, une observation préalable suite au premier verset du passage. Tandis que Jésus et ses disciples étaient en chemin, il entra dans un village où une femme, appelée Marthe, le reçut chez elle. Jésus est donc avec ses disciples, puis ces derniers disparaissent de la scène. Sont-ils présents chez Marthe ? sont-ils restés dehors ou sont-ils allés manger à l’auberge du coin ? Le texte ne le dit pas. Et je vois cela comme un indice que ce texte narratif peut être rapproché d’une parabole. D’ailleurs ce qui précède, dans l’évangile selon Luc, c’est la parabole du bon samaritain, lui qui sait voir dans l’homme blessé un frère en humanité et qui en prend soin. Dans le récit de Marthe et Marie, comme dans une parabole nous pouvons nous identifier aux différents personnages. Dans ce récit aussi, il est question de priorité et de prendre soin.

Dans cette histoire, nous avons deux manières de faire, ou d’être, très différentes. D’abord, nous avons Marthe, la maîtresse de maison, qui s’affaire. Qui est dans le FAIRE. On se l’imagine facilement courir dans tous les sens, telle une hélice. Comme si elle devait FAIRE tout cela pour exister, pour faire bonne figure… « Marthe Marthe » : en répétant 2x son prénom, Jésus l’invite à quitter son rôle de ménagère pour devenir vraiment elle-même. Oui, elle court et s’inquiète et s’agite pour beaucoup de choses. Et le verbe « s’agiter » utilisé évoque l’idée de tumulte, de tempête intérieure. Marthe s’agite et s’essouffle, comme tant de gens aujourd’hui.

Et ce texte nous dit quelque chose d’essentiel : l’inquiétude et l’agitation sont les ennemis de toute démarche spirituelle. Comme le dit ce verset d’Esaïe que j’aime beaucoup : « C’est dans le calme et la confiance que serait votre force » (Es 30,15). Oui chers frères et sœurs, chaque fois que je me laisse gagner par l’inquiétude et l’agitation, je suis invité à me poser aux pieds du Seigneur. « Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous ! » (1 P 5,7) Jesus promised he’ll take care of me !

Si Marthe est donc dans le FAIRE, Marie est dans l’ETRE. Assise aux pieds du maître, elle adopte l’attitude du disciple : humble, disponible, elle écoute la parole de Jésus. Elle cherche à ETRE en Sa présence. Au lieu s’agiter pour FAIRE bien, elle choisit d’ÊTRE, avec simplicité. En fait, pour faire un parallèle avec aujourd’hui, Marie réussit à prendre du temps pour elle, ici en l’occurrence pour s’instruire, pour se poser, pour prendre soin de soi. Si Marthe cherche à nourrir le Maître, Marie elle cherche à être nourrie par lui, lui qui est le pain de vie.

Et ce qu’elle fait Marie, c’est un choix. A l’inverse de Marthe qui est un peu sur mode automatique, Marie choisit de s’arrêter, de se poser, de réfléchir, d’écouter. Choisir de me poser au lieu de m’agiter, et écouter avant d’agir, est-ce que je le fais dans ma vie ?

Mais dans ce texte il y a un écueil important qui serait de considérer l’attitude de Marthe comme complètement fausse. Non il n’y a pas un pôle qui soit juste et un autre faux. Il y a deux pôles qui sont indispensables, et qui doivent être articulés, comme le silence doit être articulé à la parole, comme le FAIRE doit être articulé à l’ETRE. Marthe, par son travail et son service, permet à Marie d’exister. En effet, si Marthe n’avait pas accueilli le Christ, peut-être qu’il ne serait pas entré à l’intérieur de la maison, là où Marie l’attendait, l’espérait.

Chers frères et sœurs, ce texte est vraiment essentiel dans notre XXIe siècle inquiet et agité. Nous sommes invités à choisir non pas l’utile, mais le nécessaire, et en faire notre priorité. Le nécessaire, ce n’est pas la cuisine et la spiritualité qui serait utile. Non, Jésus nous dit qu’une seule chose est nécessaire. La priorité, le nécessaire, c’est de s’arrêter et d’écouter la Parole qui donne du sens à tout le reste. C’est de nous ressourcer aux pieds de Jésus pour éviter de nous laisser gagner par l’inquiétude et l’agitation. 

En passant, on pourrait dire que ce texte est quasiment féministe. Quand on sait que dans l'Antiquité, et jusqu'à une époque récente, on traitait les femmes comme des êtres inférieurs, et qu’on les estimait faites uniquement pour les fonctions subalternes et pour le service des hommes... En particulier, dans la religion, les femmes n’étaient pas autorisées à être enseignées comme les hommes. Jésus est donc ici un peu révolutionnaire : dans la lignée de l’annonce de la résurrection qui est faite en premier aux femmes, l’attitude du disciple modèle est celle de Marie, qui s’assied aux pieds de Jésus, qui l’écoute. Autrement dit, le disciple idéal, dans ce récit, est une femme. C’est fort non ? Par ailleurs, comme tu le disais Aline à la prière jeudi, c’est aussi un élément réconfortant pour les femmes comme tout être humain que d’avoir le droit d’arrêter de servir, de se poser et de passer du temps avec le Seigneur.

Chère sœur, cher frère, ce matin l’Évangile vient te questionner : quelle est ta priorité ? que veux-tu choisir pour ta vie ? Le service ou l’écoute ? FAIRE ou ETRE ? Les deux sont nécessaires, mais la meilleure part, nous dit le texte, est bien celle de l’écoute de la Parole, celle de l’arrêt, celle du soin de mon être intérieur. Quelle place vas-tu choisir dans ta vie pour cette « meilleure part » ?

Ici à MLK, les enfants sont au centre. Parfois agités, parfois courant dans tous les sens, comme Marthe, ils sont assis pendant le moment de la narration biblique, comme Marie. Assis, à écouter la Parole. Comment cet exemple vient nous interpeller pour nos vies ?

Ainsi cette histoire bien connue de Marthe et Marie, quasi féministe, vient nous rappeler, dans la course de notre société actuelle, l’importance de se poser, de mettre sur pause, et se mettre à l’écoute de la Parole de Jésus, comme le fait Marie. Si les deux femmes se complètent, comme deux faces d’une même pièce de monnaie qui sont toujours à articuler, la priorité, c’est bel et bien de s’arrêter, d’écouter, et de ne pas s’inquiéter dans une agitation constante, telle que le vit Marthe. Être en Sa présence pour prendre soin de notre intériorité, voilà un beau défi pour nos vies, voilà une belle priorité à prioriser au sein de nos priorités.

Amen.

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