Prédication du 02.03.25

Lecture de Jean 2,1-11 : le mariage à Cana

1Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana, en Galilée. La mère de Jésus était là, 2et on avait aussi invité Jésus et ses disciples à ce mariage. 3Le vin se mit à manquer. La mère de Jésus lui dit : « Ils n'ont plus de vin. »  4Mais Jésus lui répondit : « Que me veux-tu ? Mon heure n'est pas encore venue. » 5La mère de Jésus dit aux serviteurs : « Faites tout ce qu'il vous dira. » 6Il y avait là six jarres de pierre que les Juifs utilisaient pour leurs rites de purification. Chacune d'elles pouvait contenir une centaine de litres. 7Jésus dit aux serviteurs : « Remplissez d'eau ces jarres. » Ils les remplirent à ras bord. 8Alors Jésus leur dit : « Puisez maintenant de cette eau et portez-en au maître de la fête. » C'est ce qu'ils firent. 9Le maître de la fête goûta l'eau changée en vin. Il ne savait pas d'où venait ce vin, mais les serviteurs qui avaient puisé l'eau le savaient. Il appela donc le marié 10et lui dit : « Tout le monde commence par offrir le meilleur vin, puis, quand les invités sont ivres, on sert le moins bon. Mais toi, tu as gardé le meilleur vin jusqu'à maintenant ! » 11Voilà le commencement des signes extraordinaires que fit Jésus. Cela eut lieu à Cana en Galilée ; il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

Prédication : «Dieu compte sur nous ! »

Prédication à écouter ici.

Est-ce que vous vous êtes déjà mariés ? Ah, les mariages… C’est à la fois si merveilleux, d’avoir toutes ces personnes qui nous sont proches, qui nous connaissent d’ici ou de là, de tel ou tel moment de notre vie, qui habitent dans tel ou tel pays, tout à coup réunies au même endroit juste pour nous, juste pour célébrer notre amour et notre union. Un jour si particulier, si beau, si béni ! Et, en même temps, les mariages, ça peut être une telle prise de tête ! Un tel casse-tête organisationnel ! Une telle charge ! Il y a tellement de choses à penser quand on organise un mariage (les invités, la décoration, le photographe, les fleurs, les alliances, la fête, la danse, le repas… et le vin ?!).

À ce mariage de Cana, le vin manque ; les gens n’ont plus de vin ! Qu’est-ce qui s’est passé pour en arriver là ? On ne sait pas… Est-ce que devant les 1001 tâches, le vin a passé un peu à la trappe ? Est-ce que le responsable de la fête a mal évalué la quantité de vin nécessaire ? Est-ce que les invités ont bu plus que de raison ? Le récit biblique ne le dit pas, peut-être parce que le but, ce n’est pas de trouver un coupable. Dans tous les cas, il n’y a plus de vin, et on peut bien imaginer que cette situation va gâcher la fête, qu’elle va même, peut-être, complètement l’arrêter ! Qui aurait envie de ça pour son mariage ? L’angoisse !

Mais, en voyant les choses avec un autre regard, on peut aussi se dire que c’est justement le manque qui ouvre la possibilité, qui crée l’opportunité pour Dieu de venir mêler son petit grain de sel à l’histoire… Si tout est déjà tout prévu, rempli, planifié, quelle place reste-t-il à l’intervention de Dieu dans nos vies ? Nous entrons tout bientôt dans le temps du Carême : ce sera aussi l’absence du corps de Jésus dans le tombeau, ce sera ce vide, ce manque qui ouvriront l’espérance en la résurrection.

Si on revient à Cana, c’est à partir d’une situation qui flirte avec le fiasco que Dieu intervient. Et quand Dieu intervient, il nous surprend souvent par sa générosité, par sa grâce, en nous donnant encore plus que ce que l’on attendait. Quels sont les soucis, les manques, les obstacles qui prennent tout à coup toute la place dans votre vie ? qui la bouchent ? qui l’obstruent ? Face à ces soucis, ces angoisses, est-ce que vous pouvez vous imaginer que Dieu interviendra, qu’il remettra les choses en mouvement, qu’il répondra même par l’abondance, la surabondance, en vous donnant le meilleur ? Arrivez-vous seulement à vous imaginer cela ? Parfois nous sommes tellement bloqués que nous n’arrivons même plus à nous projeter dans quelque chose de meilleur. Une monitrice des groupes d’enfants que j’anime disait être touchée par Jésus qui vient redonner de l’espoir, faire espérer en une solution, face à des montagnes de problèmes. Parce que finalement, c’est ça que Jésus fait : il vient remettre en branle les choses, lancer le mouvement !

Mais, et c’est ça que je trouve beau , il ne le fait pas tout seul ! Il demande la collaboration des serviteurs, qui doivent remplir patiemment d’eau ces six récipients de cent litres – et, comme le disait la narration, ça fait quand même beaucoup d’eau, et ils ont dû se poser des questions ces serviteurs : « pourquoi remplit-on d’eau ces jarres, si c’est de vin dont les invités manquent ? ». Mais ils l’ont fait, ils ont fait confiance à ce drôle d’invité, Jésus, qui a tout à coup débarqué dans les cuisines – et ça n’allait sûrement pas de soi, qu’un invité se mêle au personnel et s’immisce ainsi en cuisine. Mais ils lui ont fait confiance.  Marie, elle-aussi, est venue glisser sa touche dans ce mouvement global : elle a mis sa confiance dans son fils, Jésus ;c’est même elle qui a pour ainsi dire initié le mouvement, qui a demandé à Jésus d’intervenir.

Oui, Dieu compte sur chacun et chacune d’entre nous pour collaborer, œuvrer ensemble et compter les uns sur les autres. Pour donner chacune et chacun ce que nous pouvons donner. Pour nous laisser interpeller par les situations que nous voyons, par les manques que nous apercevons, par les besoins d’aide qui sont là, devant nos yeux.

Jésus aurait sans doute pu régler ce problème de vin tout seul, et « hop, un miracle spectaculaire pour nous sortir de là ! ». Et bien non, il agit tout en discrétion, dans les cuisines, avec la collaboration de celles et ceux qui sont là, présents. Qui aura finalement remarqué ce qu’il s’est passé ? Les mariés en tout cas pas. Les serviteurs et Marie peut-être, et les disciples, qui reconnaissent Qui est à l’origine de ce signe, qui ont ces yeux de la foi, ce regard qui transperce les signes pour remonter à leur origine, à Dieu !  Oui, les disciples aussi ont eu leur rôle à jouer dans cette histoire, même si ce n’est pas un rôle d’action, mais un rôle de reconnaissance !

Oui, Dieu compte sur chacune et chacun d’entre nous. Il compte aussi sur nous pour ne pas rester bloqués face à un obstacle, une menace, un gros problème. Il compte sur nous pour nous mettre en mouvement. Comme Marie, qui est venue chercher Jésus ; comme Jésus, qui est allé dans les cuisines ; comme les serviteurs, qui ont écouté ce que disait Jésus ; comme les disciples, qui ont reconnu que leur nouvel ami, leur nouveau maître est là pour que la vie et la fête continuent, et que la joie déborde ! Oui, Dieu compte sur chacune et chacun d’entre nous, avec nos dons, nos charismes, nos élans, pour faire de la vie une fête pour toutes et tous !

Amen.